Philippe CHIU
Qu’est ce qui vous a décidé à intégrer l’Epitech ?
A la base, je voulais intégrer l’Epita. J’avais postulé pour d’autres écoles d’informatiques, mais ce n’était que des solutions de rechange. C’est l’Epita que je voulais. J’étais attiré par le côté rutilant de l’école et les immenses salles de machines ! (rires) Mais j’ai fait mes inscriptions trop tard, il n’y avait plus de place. On m’a parlé alors d’une école nouvelle, qui avait ouvert cette année (c’était en 1999), une sorte de petite sœur de l’Epita, plus orientée vers la technologie et la débrouille. Ca m’a plu : c’était déjà ce que je recherchais en m’inscrivant à l’Epita.
Comment s’est passé votre cursus à l’école ?
Comme je l’ai dit, je suis entré en première année en 1999. Je fais donc partie de la promo 2004, la première vraie promo complète de l’Epitech. C’était assez grisant : nous étions peu nombreux, et jouions un rôle de pionniers. Nicolas Sadirac a passé beaucoup de temps avec nous, à nous encadrer et à suivre même les moins performants. Au cours de la deuxième année, j’ai fait un stage à Intexia, un laboratoire de recherche en vulnérabilité à Nanterre. C’est là que je me suis découvert une passion pour la sécurité informatique. J’y ai travaillé pendant 10 mois à côté de mon cursus Epitech… Comme vous pouvez vous en douter, je n’avais pas le temps de m’ennuyer ! Je crois bien que j’ai tout de même fini major de promo cette année là… Enfin, c’est ce qu’on m’a dit… En troisième année, j’ai fait plusieurs stages dans différentes SSII, notamment la société Omatis. C’était intéressant, mais ca ne convenait pas à ma vision de l’informatique. J’avais parfois l’impression d’être une fourmi, de ne plus avoir mon individualité propre. Puis j’ai fait un stage de 4 mois aux Emirats Arabes Unis, à Abu Dhabi. Cette expérience a été très formatrice pour moi, ca m’a permis de me familiariser avec le monde du travail, sa rigueur, ses responsabilités, ainsi que la confidentialité des informations qui y est requise. Mon expérience m’a permis d’entrer en contact avec la CEIS (Compagnie Européenne d’Intelligence Stratégique) où j’ai commencé à travailler en mi-temps à mon retour d’Abu Dhabi et continué avec mon stage de fin d’étude. Ils avaient besoin d’une personne pour mettre en place un département d’analyse technologique et ainsi capitaliser son expérience en matière de sécurité des systèmes d’information. J’ai aussi été Astek à partir de la troisième année. Pour moi, les Asteks, c’est avant tout des gens qui veulent aider les autres… Ca me plaisait d’apporter ma pierre à l’édifice, d’aider les étudiants d’Epitech comme je le pouvais.
Où travaillez-vous à présent ?
Je travaille toujours à la CEIS. On m’a offert un poste dés la fin de mon stage. C’est un cabinet de conseils qui défend les intérêts des grandes entreprises françaises. Le département d’analyse technologique, dont je suis responsable, se spécialise dans l’étude de nombreuses technologies issues de différents domaines, tels que les cartes à puces (systèmes de paiements ou médicaux) ou encore les protocoles de télécommunications sans-fil. Je suis à l’origine de la mise en place de ce pôle au sein de la CEIS. Avant, toutes les questions de sécurité informatique étaient sous-traitées. Aujourd’hui, nous sommes six dans ce service, c’est moi qui ai recruté les autres. Ils viennent tous de l’Epitech.
Tous de l’Epitech ? Serait-ce une forme de chauvinisme ?
Absolument pas. Je sais que si je trouve un jeune vraiment performant qui a suivi une autre formation, je le prendrais. Cependant, j’ai fait passer de nombreux entretiens et vu défiler pas mal de CV, et j’ai été forcé d’admettre que les plus aptes à effectuer ce type de travaux sont les étudiants d’Epitech. D’ailleurs, j’ai appris que la société pour laquelle j’ai fait mon stage à Abu Dhabi n’embauchait plus, elle aussi, que des Epitech pour les problématiques de sécurité. Avez-vous gardé des liens avec Epitech ? Oui, j’aime vraiment cette école. J’ai adoré ma scolarité là-bas, et je veux garder le contact. Je donne un cours d’initiation à la sécurité informatique pour les Tech1. J’ai aussi le titre de trésorier de l’association des anciens élèves d’Epitech. Bon, on n’a pas encore eu la possibilité de faire grand-chose, mais on ne désespère pas de tisser un réseau d’anciens. Je me suis rendu compte qu’on avait souvent les mêmes clients, et que, si les anciens étaient mieux organisés, il serait possible de mettre en place de très grands projets, comme le font déjà d’autres écoles prestigieuses.
Qu’est ce qu’Epitech vous a apporté sur le plan personnel ?
De la rigueur. Le cursus Epitech est dur, et atteindre le bout nécessite forcément de se faire un peu violence… Les nuits blanches, les notes négatives… Au moins, quand on a fini, on est prêt à entrer dans le monde du travail où, quand on fait une erreur, elle ne se traduit pas simplement par un 0 ! Aujourd’hui, quand j’y repense, ça me fait sourire. Je suis toujours aussi étonné par les capacités des étudiants que je rencontre, leur faculté d’adaptation, leur non appréhension de l’inconnu. Après tout, l’informatique est un secteur qui évolue tellement vite que toutes les connaissances que vous pouvez emmagasiner de façon scolaire auront changé d’ici trois ou quatre ans… Les étudiants d’Epitech savent chercher, se débrouiller, contourner les obstacles. A l’Epitech, on apprend simplement à apprendre.
Quelle image ont les étudiants d’Epitech dans le milieu professionnel où vous évoluez ?
Quand j’ai commencé à travailler, personne ne connaissait Epitech. Aujourd’hui, on en parle de plus en plus. Le réseau et la réputation de l’école sont encore à construire, mais les choses ont évolué extrêmement vite depuis deux ans. Les tensions qui peuvent exister entre l’Epitech et les autres écoles d’informatique ne se retrouvent pas dans le milieu professionnel. Les étudiants d’Epitech ont gardé l’image de fous d’informatique qu’avait Epita dans les années 80, mais le monde du travail reconnait et apprécie leur virtuosité technique.