Le grand air de l’open hardware
Jeudi dernier 28 mai, la dernière Tech Discovery Lab organisée au Spot Bouygues avait pour thème : « drone et open source ». Tous les trois de la promo 2016, Maxime Bourgeois, Thomas de Beauchêne et Sébastien Monnet sont venus présenter leur projet développé en partenariat avec Bouygues Energies & Services : Orbit. Open innovation, open hardware et open source en sont la recette.
Pivoter vers l’industrie
D’après Lionel Laské, responsable du Spot Bouygues, « les garçons avaient un EIP qui tournait autour des drones et pour eux, c’est une bonne manière de lancer leur EIP que de travailler sur un projet drone en partenariat avec Bouygues Energies & Services, surtout que ce sont les mêmes technologies… C’est un très bon bootstrap pour leur projet. »
In & out from the EIP
Ces trois étudiants ne sont pas que 3 dans leur groupe EIP, mais 12. Julien Treiber et Romain Ouabdelkader (promo 2016 de même) étaient d’ailleurs là quand nous avons interviewé les 3 compères, et qu’il nous expliquaient ce pivot. « Orbit était au départ à destination du grand public. Sauf qu’entre le moment où l’on a trouvé notre idée en troisième année – un drone suiveur, capable de filmer une personne en mouvement, un skateur par exemple – quand il n’y avait personne, et le moment où l’on a étudié l’existant en particulier, on s’est rendu compte que beaucoup de gens étaient arrivés sur ce marché… » nous rappelle Maxime.
Kickstarter, Parrot et Lily
« Des projets Kickstarter avaient « poppé » un peu partout, puis Parrot a lancé le sien en janvier 2014. Il y a 3 semaines, on a appris qu’un produit sérieux, industrialisé en masse, arrive, il s’appelle Lily, avec un prix défiant toute concurrence. Ils font exactement ce qu’on rêvait de faire à l’époque. Avec la multiplicité des projets qui couvrent l’ensemble ou presque de toutes les « features » que l’on voulait développer en un seul drone, on se retrouve sur un marché saturé », comme le constate Julien sans amertume aucune.
Open Innovation
« On est arrivé avec nos prérogatives open source parce que c’était notre objectif, cela a « matché » avec Bouygues car eux aussi misent, comme beaucoup, sur l’open innovation » continue Maxime. « Confer 3DR qui a mis en avant sa solution open source » souligne Sébastien…
Open source et business
« On a convenu avec Bouygues, rappelle Maxime, qu’on leur cédait une exclusivité d’exploitation pendant quelques mois et après, on aura le droit de re-publier notre travail auprès de la communauté open source originelle – ce type de process devient commun. Cette communauté open source est importante, elle est vraiment en train d’installer un système standard sur les drones. »
ArduPilot
On parle là de la communauté qui développe ArduPilot, ce logiciel qui contrôle le drone via un petit ordinateur PixHawk sur lequel tourne une sorte de Linux, et l’ensemble des capteurs. Le traitement de l’image et du son se réalise directement par les capteurs.
La communauté ArduPilot
Thomas nous confirme la vitalité de ces passionnés, « sur le site officiel de la Fondation Linux, dronecode, on y dit qu’on compte plus d’une centaine de développeurs actifs sur le code source ArduPilot, plus de 1100 contributeurs et il y a eu à peu près 55 000 commits (un changement sur le code source unitaire). » D’après Maxime, « en commits, il y en a au moins une dizaine par jour… ArduPilot est un projet vraiment actif sans oublier qu’existent aussi d’autres dépots non-officiels mais qui finissent par émerger. Les drones open source, « c’est chaud ». »
Club pas privé
Et comme l’avoue facilement Maxime, « évidemment, un de nos objectifs est de devenir contributeur sur ce projet. Nous sommes en bonne voie, on commence à arriver sur quelque chose de bien. Le but du jeu pour nous, c’est de reverser notre travail ensuite dans la communauté, pour monter en expertise et gagner en crédibilité. »
Digging in the code
« Aujourd’hui sur les techno de drone, confirme Lionel Laské, les avancées sont liées au fait que c’est open source, du coup beaucoup de gens y contribuent et améliorent des tas de choses.
Ce qui ne veut pas dire que ce n’est pas compliqué à prendre en main : le monde de l’embarqué, cela nécessite de se plonger, comme ils l’ont montré à cette Tech Discovery Lab, dans le kernel du Linux de la machine, de modifier le firmware et les drivers des capteurs qu’ils ont mis en place ; il faut coder, simuler des tests etc. »
L’expertise étudiante
« Tout cela prend énormément de temps et Bouygues Energie Services n’a pas de service R & D dédié aux drones. Eux les utilisent au quotidien, ils en voient les améliorations potentielles mais n’ont ni le temps ni les moyens d’aller creuser. Ce que, pour le coup, les étudiants savent très bien faire. »
L’utilité du Spot
« Comment utiliser le drone dans tel et tel contexte, comment améliorer cette utilisation et explorer avec les étudiants les solutions que l’on peut mettre en place et comment on peut améliorer le drone techniquement… Avec Le Spot Bouygues, on répond à des problématiques de terrain concrètes ».
Win win
Selon Maxime, « pour ce qui est des développements spécifiques de drones dans les secteurs industriels, on a senti un engouement, c’était un bon plan de réorienter notre EIP. En travaillant avec Bouygues, on s’« achète » une crédibilité aussi. Cette certitude est déjà très stimulante et on sait aussi qu’après notre EIP, on pourra éventuellement s’adresser à d’autres acteurs parce qu’on a envie de continuer à travailler le sujet, avec des solutions clés en main ou d’autres développements. »
Un travail main dans la main, un échange gagnant gagnant.