Il y a quelques mois, la police belge lançait une nouvelle application pour fluidifier l’échange d’informations avec les citoyens, baptisée « My Police Belgium ». Un outil qui n’est autre que le fruit de la collaboration entre les autorités locales… et des étudiants de notre campus bruxellois !
L’année dernière, Vincent Moreau, General Product Manager à la direction de l’information policière et responsable de toute la stratégie de développement logiciel au sein de la police de Belgique, a fait appel à des étudiants issus du campus bruxellois d’Epitech pour créer « My Police Belgium », une application pour smartphones destinée aux citoyens du plat pays. Quelques mois après le lancement de la solution sur Android et iOS, il revient avec nous sur cette aventure en collaboration avec nos développeurs en herbe.
De quel constat est né ce projet ?
Vincent Moreau – L’idée, c’est qu’actuellement, au niveau de la police intégrée (La Police Fédérale et la Police Locale en Belgique), on a déjà une plateforme web sur laquelle on partage de l’information aux citoyens. Par rapport à la police fédérale, donc, mais aussi par rapport aux police locales, qui peuvent aussi utiliser cette plateforme pour développer leur site et partager des news locales propres à la zone de police en question. Et du côté fédéral, ce sont des news un peu plus générales qui couvrent l’ensemble du territoire. On a aussi, sur cette même plateforme web, tout ce qui concerne les personnes disparues ou les personnes recherchées.
Evidemment, cette plateforme est assez étendue, et contient un grand nombre d’informations. Et ce dont on s’est rendu compte, c’est qu’aujourd’hui, la plupart des gens sont quotidiennement sur leur smartphone. Et même si une plateforme web est responsive et adaptée pour une lecture sur smartphone, on voulait quelque chose avec une navigation beaucoup plus rapide et beaucoup plus intuitive, Et c’est là qu’on s’est rendu compte que l’utilisation d’une application pouvait amener plus en matière d’ergonomie, et en matière de navigation au travers de l’information.
Quel est le but de cette nouvelle application ?
VM – On voulait un condensé de l’info sur cette app. L’idée, aussi, c’était en utilisant les outils natifs au niveau des apps, de créer des fonctionnalités pour les personnes malvoyantes, etc. Pour que ces gens puissent aussi naviguer sur cette app.
Pour nous, c’était vraiment quelque chose d’essentiel. On a donc été particulièrement attentifs au travail des étudiants, on leur a dit de beaucoup se concentrer sur la partie accessibilité. Que ce soit au niveau des couleurs, de l’affichage… toutes ces consignes dont ils ont tenu compte.
Ce qu’on voulait aussi, c’était éviter de développer une app par nous-mêmes, pour éviter que l’outil ne réponde pas aux attentes du citoyen. C’est pour ça que notre approche nous a mené à échanger avec des étudiants à qui on a dit ‘On veut avoir une app, un moyen supplémentaire de fournir l’information’. On leur a donné les objectifs recherchés, on leur a dit, au niveau de l’interfaçage, de venir avec leurs propositions, car les étudiants sont des citoyens comme les autres, ils ont des idées. Donc autant les laisser envisager la façon dont eux verraient une app de la police qui peut leur être utile, en terme de contenu ou de navigation.
Pourquoi avoir choisi de collaborer avec des étudiants d’Epitech ?
VM – Tout à fait par hasard : à côté de notre bâtiment, on a un local de l’Epitech qui s’est installé. On s’est dit ‘Tiens, on a une école juste à côté, on doit avoir des étudiants, ça peut être vachement pratique’, car on pouvait les rencontrer, avoir une communication, eux pouvaient venir, on pouvait aller les voir.
Puis j’ai regardé aussi sur le web, en quoi consistait Epitech, je me suis dit que cela pouvait être intéressant d’avoir une collaboration avec une école comme celle-ci, qui a aussi une méthode d’apprentissage peu conventionnelle et qui n’est pas comme dans la plupart des hautes écoles, étant donnée qu’Epitech est plus axé sur la pratique et sur la mise en situation réelle, quand d’autres écoles sont plus axées sur la théorie.
Ces méthodes-là ne sont pas moins bonnes, simplement différentes. Et je voulais voir ce que ça allait donner avec ce genre d’étudiants et ce type de formation. Et on voit qu’en terme de créativité, on est déjà sur quelque chose de différent. Ce n’est pas scolaire, On est vraiment sur de la créativité pure.
Comment vous êtes-vous organisés au quotidien ?
VM – On avait un groupe Teams pour être en contact permanent avec eux, de temps en temps on allait dans leurs locaux, eux sont aussi venus pour présenter l’interface, etc. Globalement on est resté, que ce soit au niveau graphique ou dans le concept, sur les premières idées qui sont venues, et qui ont été retouchées au fil du temps. Par exemple, au niveau de la navigation, eux trouvaient qu’un système de balayage gauche/droite était plus intéressant qu’un système avec des icones cliquables, soit une navigation plus traditionnelle.
C’est un peu basé sur le principe de Tinder, on trouve ça vachement pratique, beaucoup plus rapide, ludique… Ca, on a gardé par exemple. On a combiné cela aussi avec le systèmes des icones, comme ça les personnes âgées, habituées à ce système, peuvent continuer de le faire. Ceux qui préfèrent le balayage ont cette possibilité. Mais désormais on peut toucher aussi des gens plus jeunes et orientés nouvelles technologies. L’idée c’était que personne ne soit perdu en arrivant sur l’application.
Etes-vous satisfait de cette collaboration ?
VM – Nous sommes très contents déjà car ça s’est bien passé. A la fin du projet, on leur a d’ailleurs dit qu’on restait ouvert à toute collaboration future également, que ce soit sur de nouveaux projets ou sur la suite de ce projet, car pour nous, cette app est un outil qui doit vivre. C’est vraiment pensé pour être une application faite par le citoyen, pour le citoyen. Et on veut aussi que ce soit une application faite en mode collaboratif, dans le sens où on est aussi disposés à ce que d’autres écoles viennent proposer de faire évoluer l’outil. On pourrait très bien venir avec nos propres idées, mais notre conception du besoin, de l’information, n’est pas forcément la même.
Quels échos avez-vous eu depuis la mise en ligne de l’application ?
VM – On ne doit pas être loin des 30.000 téléchargements depuis le début de l’année. Quand on voit les commentaires en ligne, par mail, on a des retours qui sont plutôt positifs et on sent que les citoyens sont en attente d’informations. Ils ont déjà fait des propositions d’améliorations ou de nouvelles fonctionnalités. Dans la majorité des cas, on essaie d’en tenir compte. Mais pour le moment, on s’attarde surtout sur ce qui est performance. Très peu de soucis nous sont remontés par nos utilisateurs à ce jour. Et globalement, les scores sont relativement bons puisque sauf erreur, sur Apple comme sur Android, on a actuellement un peu plus de 4 étoiles de moyenne.
Envisagez-vous de refaire appel aux étudiants d’Epitech dans le futur ?
VM – On a tout un projet d’innovation au niveau de la police intégrée. L’un des piliers de ce projet est le secteur académique. Il y a aussi le secteur privé, et tout ce qui est gouvernemental. Mais le pilier académique est très important, que ce soit pour cette app, ou d’autres projets de la police intégrée. Pour nous c’est vraiment important d’avoir ce contact avec le monde académique, de sorte à aller chercher les talents où ils se trouvent, et nous aider dans nos projets. Pour ce qui est de la collaboration avec Epitech, on est très content, j’ai d’ailleurs dans mon équipe un ancien étudiant de l’école qu’on a engagé.
Si on peut encore développer des choses avec Epitech, on est partant !