Le développement durable en akts
Vincent Leyrit est un Ancien de l’école, promo 2007. Comme à peu près tous ses camarades, il débute sa carrière dans des jobs à la hauteur de ses compétences techniques, avant de s’ouvrir progressivement au management, au business et à la philosophie aussi. Cette ouverture d’esprit l’a amené à lancer WeeAkt puis Impakts, plateforme à destination des entreprises qui veulent s’engager dans une démarche RSE. Vincent nous explique son parcours et sa toute nouvelle jeune pousse qui commence à trouver son marché.
Avant l’entrepreneuriat
« J’ai bossé 3 ans et demi dans une boite qui travaillait sur les questions de sécurité intérieure et extérieure dans le domaine des télécoms. J’étais, en termes informatiques, sur du très bas niveau. Comme j’étais très souvent par monts et par vaux à l’étranger et que j’avais l’idée de monter mon projet, je suis revenu à Paris pour entrer dans une boîte qui faisait du « high frequency trading« , les robots qui jouent à la bourse à la microseconde… ».
Envie d’apprendre
« En même temps que je travaillais dans la finance, j’ai suivi un master business aux Arts et Métiers. Dans le cadre de ce master, j’ai fait un mémoire, une étude des marché en quelque sorte sur tout ce qui tourne autour de la communication positive, le marché du développement durable, j’ai commencé à bien cerner ce domaine ».
C’est quoi le RSE ?
« C’est la Responsabilité Sociétale des Entreprises, cela consiste à décliner les critères du développement durable aux entreprises. C’est donc tout ce qui concerne le volet environnemental, le volet sociétal et le volet économique local ».
Quel est le marché ?
« Les entreprises de plus de 500 employés et cotées sur les marchés financiers sont obligées d’avoir une démarche RSE. Leur intérêt, c’est de communiquer auprès de leurs parties prenantes sur ce qu’elles font de « bien » et de perceptible positivement. Le « label » RSE favorise leur communication et c’est évidemment de plus en plus important car la perception des consommateurs a changé. Les entreprises sont de plus en plus attentives à tout ce qui est responsabilité et éthique ».
Le souci des petits
« Pour les petites entreprises (PME, TPE…), être RSE n’est pas une obligation mais découle d’une démarche volontaire. Or c’est compliqué, tout est très normé, ainsi de l’ISO 14001 ou ISO 26000, ou alors des référentiels comme le Global Reporting Initiative qui a été mis en place par l’ONU et là, ça nécessite des indicateurs de performance, des outils de gestion de projets, on fait donc appel le plus souvent à des consultants spécialisés et cela coûte cher et reste généralement inaccessible pour de petites boîtes ».
L’avantage compétitif
« Si une entreprise veut répondre à un appel d’offres public, on va souvent lui demander, si elle a le « label » RSE. Si elle l’a, c’est un avantage compétitif pour elle. Si on va voir son banquier pour obtenir un crédit, si on a une démarche RSE, c’est mieux… Il y a donc un avantage concret et business à l’adopter. Dès lors, nous avec Impakts, on a plein de PME, en tant que clients ou prospects, on est vraiment sur une optique de développement ».
SaaS
« Le choix que l’on a fait pour Impakts, une solution en SaaS, en ciblant notamment les petites structures, avec une offre adaptée en fonction du nombre de collaborateurs, est pour moi le bon ».
Impakts et la transversalité
« Impakts est une plateforme numérique, un réseau social qualifié où il y a une notion d’émulation entre les différentes parties de l’entreprise, les différents services. L’idée est d’initier une démarche responsable en proposant aux collaborateurs d’agir au jour le jour, sur de petites choses ».
Commencer petit en voyant grand
« En règle générale en effet, quand on déploie une logique RSE, on commence par les choses les plus faciles à faire : économie d’énergie en partant du simple bon sens (éteindre les lumières quand on part du bureau…), faire du co-voiturage quand on peut etc. Éventuellement, s’intéresser à ce qu’il se passe au niveau des parties prenantes de l’entreprise, avoir des relations avec elles, les associations par exemple. Une entreprise peut par exemple déléguer un collaborateur une fois tous les 6 mois pour aider une asso à faire sa compta… C’est ce qu’on appelle le mécénat de compétences ».
Génération automatique de rapports RSE
« Impakts va inciter les collaborateurs à enclencher cette démarche à leur échelle personnelle et le dire quand ils le font, notamment via leur appli mobile et ce, de manière collaborative. Cela va générer le support de communication qui est le rapport RSE : un document qui va comprendre des graphiques (combien de co-voiturages ont été faits durent l’année etc.), des photos prises par les collaborateurs (quand ceux-ci sont dans la voiture et se prennent en selfie par exemple ou s’ils font quelque chose dans une asso). Impakts génère donc un petit document, plutôt agréable à lire, « design », qui fera office de support de communication pour la petite entreprise ».
UI
« Après mise en forme rédactionnelle de ces données, on envoie ce rapport par mail. Avec des messages du type, « on avait dit qu’on ferait 50 co-voiturages sur l’année, on en a fait seulement 30, est-ce que pour ces 3 derniers mois, vous pourriez vous prêter au jeu ? » Impakts offre les outils d’animation pour faciliter vraiment le community management ».
PME mais pas que
« On a fait un pilote avec AXA Banque (650 collaborateurs) : on a eu un taux de 25 % d’inscriptions environ, ce qui est assez classique et même plutôt pas mal quand on introduit un nouvel outil. Sur ces 25 %, on a eu un taux de participation de 20 % d’inscrits qui revenaient régulièrement, revenir pour dire « j’ai fait telle et telle chose aujourd’hui ». Pour ce pilote-là, nos clients ont jugé ces métriques bonnes au regard de l’investissement qu’ils ont fait, pour continuer à la faire vivre ».
Levée de fonds round 1
« On est 2 co-fondateurs, moi d’Epitech et mon associé venant de l’École des mines, 2 profils techniques donc… Il est parti il y a un an et demi à peu près, quelqu’un qui a un profil business est en train de le remplacer, il vient de l’ESSEC, il en sort bientôt diplômé. On travaille ensemble sur la levée de fonds d’Impakts. Tous les indicateurs sont au vert pour nous faire penser que la levée va bien se passer et qu’à la rentrée prochaine, on ait 5, 6 collaborateurs ».
Impakts, petite soeur de WeeAkt
« Impakts est un dérivé de WeeAkt qui est son équivalent mais versant citoyen. WeeAkt est une plateforme grand public pour les associations, les entreprises responsables qui vont proposer aux citoyens et/ou aux consommateurs de venir faire du bénévolat chez elles quand il s’agit d’associations, de venir participer à un événement, de consommer de façon responsable. Toujours dans une logique de développement durable, tout ce qui est « positif » pour le dire vite. Et on représente tout cela sur une sorte de carte interactive, à l’échelle d’une agglomération, d’une communauté d’agglomérations ou d’un pays même ».
Le vrai lancement de WeeAkt
« L’idée était de construire un réseau social grand public sur ce sujet-là en France, l’objectif était ambitieux j’en conviens et force est de constater que cela n’a pas pris comme espéré, pour l’instant. On a alors laissé WeeAkt tourner gentiment parce qu’on pense toujours qu’il y a des choses à faire. Et pour le coup, il y a des choses qui vont se faire en 2016 parce qu’on a signé notamment avec une communauté urbaine de 30 municipalités, représentant 60 000 habitants. Ce sera notre premier vrai pilote où une communauté va s’approprier la plateforme pour dynamiser sa vie locale ».
La vérité du terrain
« C’est un beau terreau pour expérimenter la plateforme, surtout que ce client compte capitaliser dessus. Dans le cadre de la COP21, il y a en effet ce qu’on appelle l’Agenda 21, la déclinaison de ce que doivent faire les municipalités en termes de développement durable. WeeAkt va leur permettre d’associer leurs citoyens à cet agenda qui leur est propre. Tout cela est surveillé par l’ADEME, l’agence dédiée au développement durable au niveau de l’Etat, pour résumer. L’objectif évident est ensuite de dupliquer cette adoption de WeeAkt dans d’autres agglomérations ». Qui va piano va sano et qui va sano va lontano…