Interview de Cyril Derouineau GEEA Director chez UBISOFT
Cyril Derouineau, vous êtes GEEA Director (Gameplay Engineering and Entertainment Analysis) chez Ubisoft, Pouvez-vous nous présenter votre métier?
Je suis responsable d’un département de R&D au siège , et je dépends du directeur ‘Créatif’ (CCO, Chief Creator Officer) du groupe Ubisoft.
L’équipe GEEA a pour mission d’augmenter à la fois la capacité d’innovation d’Ubisoft et en même temps d’augmenter la qualité du Gameplay des jeux de la société.
Dans la pratique, nous prototypons de nouvelles technologies et de nouveaux systèmes afin d’une part de concevoir des Gameplay innovants, et d’autre part d’améliorer l’interactivité, l’immersion et la réalisation dans nos jeux.
Ainsi, l’équipe est chargée du perfectionnement des Gameplays actuels, tout en assurant un niveau de standardisation, à travers des missions de courte durée et des ateliers avec les projets en développement.
Pour remplir sa mission, l’équipe analyse les meilleurs jeux de la concurrence, ainsi que d’autres média ( films, séries TV…) et technologies.
De fait, l’équipe présente dans un site intranet destiné aux équipes de productions les résultats d’analyse, les directives de Gameplay et les ‘best practices’, ainsi qu’une sélection de vidéos et images du divertissement en général.
Dans le cadre de vos fonctions, vous avez mis en place un partenariat avec EPITECH, pouvez-vous nous présenter la nature de ce partenariat?
Beaucoup d’informaticiens aiment jouer sur leurs ordinateurs ou consoles, et quelque uns jouent avec la 3D par plaisir, mais aucune formation ne les prépare réellement à notre industrie. Ainsi, en étant en contact tôt avec les étudiants passionnés, et cela grâce au laboratoire de jeux vidéo de l’école, nous pouvons tenter d’apporter nos connaissances afin de faire gagner du temps à ces développeurs et de la qualité dans leurs projets.
Ce partenariat doit monopoliser un temps important à votre équipe, quel est l’intérêt pour Ubisoft de faire ce type de partenariat?
En fait, en formant plus tôt les développeurs dont nous avons besoin, nous allons assurer un flux de spécialistes pour alimenter nos équipes de production.
Ainsi, certains étudiants (en alternance) ont la chance de venir plusieurs jours par semaine dans nos locaux, afin de chercher des améliorations sur des projets actuels ou bien sur des sujets de recherche. Nous accueillons également des stagiaires pour des périodes plus longues. Avec tout cela, nous avons la possibilité de détecter tôt des ingénieurs qui présentent la sensibilité que nous recherchons.
Comment avez-vous connu Epitech? Pourquoi avoir choisi cette école pour un tel partenariat?
Je crois que tout a commencé en recrutant des étudiants de l’Epita qui partageaient leur passion de notre industrie dans une association commune à l’Epitech, le GameDevLab. Le fait que l’école accepte que les étudiants dans leur cursus développent des projets de jeux vidéo est évidemment un facteur décisif, et c’est par ce point que le partenariat est né.
ensuite, pour apprendre le fonctionnement d’une école il faut accueillir des stagiaires à différents moments de leur scolarité, ce que nous avons fait.
L’inustrie du jeu vidéo en France a connu son heure de gloire, générant ainsi une véritable frénésie de vocations. Puis l’éffondrement du secteur rapide a fait beaucoup de déçus. Ubisoft est une des rares sociétés qui a su tirer son épingle du jeu et est aujourd’hui un des leaders mondiaux, ce qui fait de vous un observateur privilégié de l’emploi dans cette branche. Pensez-vous que cette branche ait un avenir florissant en France? est-ce une voie à favoriser pour les étudinats en informatique?
Le marché se porte très bien, un bon jeu se vend énormément, mais c’est au détrtiment de tous les autres, et comme les coûts sont colossaux, les erreurs sont fatales. Afin de réduire les coûts d’un titre, il faut développer sur plusieurs plateformes (des consoles portables aux consoles de salon) et pour cela avoir des outils de production évolués, des équipes à la fois expérimentées et formées à ces outils internes, et tous cela coodonné parfois sur plusieurs sites de production. Notez qu’il est en effet maintenant nécessaire d’avoir des équipes pluri-disciplinaires de 100 à 200 personnes sur de très longues périodes pour développer un jeu.
Il existe en France de plus en plus de formations pour le Game design, l’animation ou le graphisme. Grâce aux développeurs français au 4 coins du monde, pas obligatoirement dans une entreprise française d’ailleurs, la France reste un acteur clé de notre industrie, et il n’est pas rare même dans le monde des effets spéciaux ou du film d’animation 3D dee trouver des français. Notez également que la région du Québec cherche à devenir l’Hollywood du jeu vidéo, et donc forme mais accueille aussi des français.
Quels sont les métiers auxquels le étudiants sortant d’une école comme Epitech peuvent prétendre?
Les métiers du jeu vidéo évoluent à chaque génération de machines, mais les grands pôles restent identiques :
–simulation (architecture et gestion des objets moteur, gestion du monde, personnage virtuel et intelligence artificielle, physique et animation procédurale, etc..)
– audiovisuel (caméra, rendu des objets et des matières, animation, son, webcam, reconnaissance vocale, etc…)
– intéraction ( règles de jeu, mise en scène interactive, gestion des contrôles etc…)
– réseau ( architecture, système dee classement, téléchargement, gestion des latences, etc…)
– production (développement d’éditeurs, d’outils, de plugins, gestion des sources et données du projet, traitement des données automatisé, etc…)
– optimisation ( machine spécifique, algorithme, parallélisation, chargement dynamique, etc…)
Un ingénieur a donc vraiment de multiples choix et son travail et les opportunités pourront le faire évoluer vers les postes de production, de recherche, dee gestion d’équipe, grande ou petite, technique ou pluri-disciplinaire.
Quels sont les atouts pour percer dans ces métiers?
D’abord du travail comme dans tous les métiers, ensuite une compréhension des intérêts du client, que ce qoit le client d’une fonctionnalité, donc un collègue, ou le client d’un jeu, donc prendre ne compte les remarques des responsables du projet.
Petit conseil : être orienté ‘résultats’. ceci demande de pouvoir tester rapidement une idée et d’éviter ensuite de partir dans les explorations en profondeur; en effet, pour un ingénieur, il est assez facile de passer du temps sur de l’ingénierie, mais s’il n’y a plus d’effet perceptible à ajouter, il faut savoir s’arrêter et s’attaquer à une autre tâche.
Avec votre expérience du métier, pensez-vous que les étudiants Epitech qui auont suivi ce programme seront bien préparés à rejoindre les acteurs du secteur?
Pour être bref, je dirais que comme je n’aime pas perdre de temps, tout le temps accordé à ces étudiants montre que je crois dans ce programme.
Avez-vous d’ores et déjà planifié le recrutement d’étudiants Epitech que ce soit en stage ou pour un emploi?
Oui, les deux étudiants qui sont dans mon équipe 3 jours par semaine seront évidemment gardés en stage et auront de fortes chances d’être recrutés à la fin de leurs études comme je l’ai déjà fait. En ce qui concerne le partenariat nous ne pouvons rien promettre aux étudiants de l’école pour la fin de leurs études, mais disons que je serais à l’écoute de leur candidature, pour les aider à s’orienter dans notre société grâce aux supports de ressources humaines du groupe notamment.
Quels
seraient les deux mots que vous utiliseriez pour caratériser EPITECH?
Performance et flexibilité.