Retour sur He for She IT Day
On revient tardivement mais on revient évidemment sur He for She IT Day qui s’est tenu au Sénat il y a 2 semaines, mercredi 28 septembre. Cet événement organisé en partenariat entre le comité national ONU Femmes France pour la promotion de la campagne He for She et l’association E-mma by Epitech se voulait un moment important pour la promotion de la mixité dans les métiers du numérique. Il a très bien rempli son rôle, toutes les intervenantes et intervenants rappelant les différents niveaux des enjeux associés à cette problématique, même si tout le monde s’accorde à dire que la route sera longue. À côté des conférences, des ateliers dédiés à l’apprentissage du code, à destination de classes de collèges ou lycéens de la région parisienne, étaient animés par des étudiants d’Epitech.
Implication totale d’Epitech
À Paris le #HeforSheITDay s’est tenu sous les ors de la République ; en région, Epitech s’est mobilisée dans les 12 écoles de son réseau national. Les séances plénières étaient retransmises en direct et chaque ville a organisé ses propres débats entre femmes du numérique, entrepreneuses et membres de l’écosystème digital de chaque région. Des ateliers d’apprentissage du code étaient aussi au menu.
Le code, c’est pas mâle
Cette action d’initiation à la programmation – à partir de 2 tutoriels ayant pour but de faire comprendre les technologies du web aux élèves de collèges et de lycées, l’un fourni par Google, CS first, l’autre produit par des membres eux-mêmes de l’association E-mma dont Baptiste Montagliani (Epitech promo 2020) – résonnait comme un écho à un mot de Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce, Head of PR & Communication, porte-parole de Google France (partenaire de l’événement) pendant la plénière de la matinée.
Les racines du mal
« On a mené beaucoup d’études chez Google, a-t-elle rappelé, qui montrent que dans 65 % des cas, la décision d’embrasser des carrières dans le monde de l’informatique et du numérique avait été prise bien avant l’université et que cela démarrait dès la petite enfance. C’est une question de projections, un discours normatif qui démarre très, très jeune… ». Cet ensemble de projections, de discours ayant l’apparence du bon sens sont des constructions culturelles, sociales qu’il faut déconstruire. C’est encore plus difficile de le faire quand il s’agit de préjugés inconscients.
Changer les préjugés
« Un préjugé inconscient c’est quoi ? », a quant à elle expliqué Audrey Herblin-Stoop, Head of Public Policy chez Twitter France, très simplement. « À la fin de la journée, vous allez boire un verre dans le bar à côté, ce qui veut dire que vous excluez les femmes potentiellement enceintes, les gens qui ne boivent pas et ceux qui ne le font pas à cause de leur religion ; vous excluez plein de gens. Cela, c’est un préjugé inconscient ».
Mixité et innovation
Or « quand elles veulent être innovantes, les entreprises recherchent cette diversité, souligne Gima Diaz, ex General Manager France chez Paypal. La diversité n’est pas qu’un problème de genre, la diversité s’exprime aussi en termes culturels, de background, d’éducation… Plus il y aura de profils différents dans une équipe, plus celle-ci saura innover rapidement.
Clémence, co-fondatrice d’E-mma
Clémence Barthoux, qui a créé E-mma by Epitech avec Christelle Plissonneau (toutes deux de la même promo 2016) était ravie d’être là en tout cas. « Je suis très fière et impressionnée… Tout a commencé par une discussion de 3 copines étudiantes autour d’un verre, c’était à la soirée de la remise des titres de la promo 2013, à l’Unesco. On s’est assises sur les marches et l’on s’est dit qu’il fallait arrêter de parler, qu’il fallait faire. C’est à ce moment-là qu’on a lancé E-mma. je trouve cela incroyable de voir aujourd’hui l’ampleur que l’association a pris, que l’association soit déployée au niveau national des 12 écoles, qu’elle travaille avec des organismes aussi prestigieux que l’ONU… Je suis ravie ».
(de gauche à droite : Dipty Chander, actuelle présidente d’E-mma by Epitech et Clémence Barthoux, co-fondatrice de l’association)
Et dans la vraie vie, ça donne quoi ?
Aujourd’hui ingénieure avant-vente chez VMware à Paris, Clémence raconte son quotidien, « je fais très attention à mon positionnement par rapport à mes collègues, à mon comportement et je n’hésite pas à dire les choses aussi quand il le faut. Et ça, ne pas me laisser faire, c’est vraiment Epitech qui me l’a appris. Je ne serais pas capable de faire ce que je fais chez VMware aujourd’hui si je n’avais pas fait Epitech, si je n’avais pas lancé E-mma, et si je n’avais pas été déjà confrontée à ce type de problèmes ».
Lysa, geek et littéraire
Lysa est, elle, en deuxième année à l’école (promo 2020), tout en suivant en parallèle de son cursus à Epitech, une licence de lettres modernes. Elle raconte son vécu d’étudiante sur le campus Paris-Sud du Groupe IONIS : « à Epitech, je suis donc une des rares filles de ma promo – alors qu’à la Sorbonne, c’est l’inverse. Ce sont vraiment 2 univers très opposés et du coup je vois bien ce contraste faisant mes allers et retours. Le « non-mélange » est flagrant. Je trouve donc très pertinent de soulever cette problématique ».
Aucun souci
« Moi, la vie sur le campus à Epitech, je le vis bien, je n’ai eu aucun souci, confirme-t-elle. Je me suis sentie très bien accueillie, notamment grâce à l’association E-mma parce que dès avant la rentrée, on nous a un peu préparées le terrain etc. C’était rassurant. Personnellement, je n’ai jamais eu de souci, je ne me suis jamais pris de remarques, je ne me suis jamais senti incapable de faire les choses parce que j’étais une fille ou quoi que ce soit… Je le vis très bien, Epitech ».
Vécu perso
Lysa poursuit : « contrairement à ce que l’on raconte, les geeks ne sont pas forcément sexistes… La plupart sont même plutôt très timides donc c’est plutôt sympa. Mais mon expérience n’engage que moi… ». Ce n’est qu’un début, continuons le « combat » avec E-mma, que vous pourrez d’ailleurs retrouver à la prochaine Paris Games Week. On en reparle.