Piscine Moonshot #3 : green or not green I.T ?
Jeremy Rifkin n’était pas présent à la troisième conférence de la Piscine Moonshot mais sa thèse concernant l’énergie a flotté dans l’air tout du long. La question du jour était en effet : la technologie est-elle l’amie ou l’ennemie de l’environnement ?
Animée par Blaise Mao, rédacteur en chef du magazine Usbek & Rica, la conférence d’hier a été alimentée par les interventions d’Anne de Malleray, journaliste spécialisée notamment dans les questions environnementales et Fabrice Flipo, professeur à Telecom & Management SudParis (groupe Mines – TELECOM).
(Blaise Mao, Fabrice Flipo et Anne de Malleray)
La troisième révolution industrielle
Comme les deux précédentes conférences, les éléments du contexte économique, sociétal et culturel relatifs à la question ont été donnés à la promotion 2017 de nos étudiants, les « tek3 ». Selon la thèse de Rifkin et ses disciples, la technologie va accoucher d’une révolution : la troisième révolution industrielle.
Source d’un nouveau genre de croissance économique, la « happy technologie » va par exemple transformer le consommateur en « prosumer », producteur d’une large part de sa propre énergie. Avec les imprimantes 3D, les objets connectés, l’open source, l’économie collaborative etc., notre horizon bascule d’un monde des objets à celui des services. En résumé, la technologie, c’est l’espoir d’un monde meilleur. Autrement dit : les « green I.T » sont nos amies.
Oui mais
Fabrice Flipo s’est chargé de donner les éléments allant à l’encontre de cette vision idyllique. On peut penser à l’absence de recherche des constructeurs sur le chargeur universel, la place du lithium dans toutes nos batteries et ses conséquences en termes de recyclage, l’obsolescence programmée, entre autres. Anne de Malleray s’est chargée, elle, de parler notamment de la vision dystopique des auteurs de science-fiction depuis le début du 20è siècle concernant le futur technologique, pour finir par rappeler que la technologie n’a pas à devenir une nouvelle religion. Elle n’est qu’un moyen, pas une fin.
Technophiles mais conscients
A la fin de la journée, les étudiants sont venus présenter leurs projets. On citera cette idée d’un bracelet connecté visant à informer des risques environnementaux. Off-line (mais on peut récupérer les données mémoire sur PC), ce bracelet permet de prévenir son propiétaire, en temps réel, du taux de particules toxiques contenues dans l’air, de l’exposition aux ondes, les zones allergènes… En imaginant une diffusion du bracelet au sein de la population intéressée, ce groupe d’étudiants a prévu en outre l’agrégation de données utilisateurs pour susciter un usage communautaire, et obtenir ainsi une « heat-map » à usage citoyen.
L’homme sandwich bio
D’autres étudiants ont élaboré un système d’écran interactif pour supprimer tout support papier pour la publicité des marques et des enseignes, en particulier leurs flyers. Publish on Me vise surtout le cas précis d’un centre commercial, zone à forte densité de clients potentiels.
Le client qui l’accepte met son écran qu’il porte sur lui, à la disposition d’un magasin pour diffuser son message contre rétribution. Si plusieurs marques veulent en être, un système de mise aux enchères débute, au profit unique du même « homme sandwich circa 2024 ».
Totalement disruptif et carrément futuriste, ce projet a été validé par son jury dont un des tech’mentors de l’Epitech Innovation Hub, lui-même persuadé que dans un avenir plus ou moins proche, un tee-shirt et un seul servira tous les jours. « Auto-lavable » et surtout, actualisable en fonction des marques auxquelles son propriétaire s’abonnera pour individualiser son vêtement, ce tee shirt lui servira aussi de source de revenus. Une autre idée complètement « moonshot ».