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08.09.14

Piscine Moonshot #5 : Vive la crise politique ?

Cette journée de samedi n’était pas la plus simple de cette Piscine Moonshot. « Nouvelles façons de s’engager : voter sert-il encore à quelque chose ?» n’étant pas la question a priori la plus attractive pour nos étudiants qui, comme beaucoup de leur génération, n’expriment pas le plus fol attrait pour les questions politiques.
Sauf que nos conférenciers – François Dorléans, co-fondateur de ClicknSign ; Christian Vanizette, co-fondateur de MakeSense et Arnauld Champremier-Trigano ont su éveiller leur intérêt.

Crise de la représentation politique

Il n’est un secret pour personne que la relation entre les citoyens et leurs représentants n’est pas au beau fixe. Cette réalité n’est pas propre à la France. En revanche, notre pays fait partie de ceux, dans l’Union Européenne, où les taux d’abstention augmentent de façon régulière d’élections en élections, même dans le cas des municipales. Ces dernières étaient pourtant considérées il y a peu comme les élections « préférées » des Français, avec les élections présidentielles. Celle de 2007 fait finalement figure d’exception à cette règle : la chute d’intérêt des électeurs pour désigner leurs représentants.

Pourquoi faire ?

Pourtant, aucun de nos trois intervenants n’a parlé de repli universel sur la sphère privée et de désintérêt global pour les affaires de la Cité, au contraire. Chacun a parlé de cette envie récurrente de s’engager, mais en s’engageant différemment, de manière bien plus horizontale que verticale, avec ses pairs sur des causes concrètes. Ce que d’aucuns appellent la « démocratie participative ». Paradoxalement peut-être, cette période est, selon Christian Vanizette, très intéressante justement par ce renversement d’un paradigme plus que centenaire qu’elle provoque : « moi-même je recommence à voter » avoue-t-il.

Les Initiatives Citoyennes Européennes

François Dorléans a expliqué son action en faveur des Initiatives Citoyennes Européennes (ICE), pour la promotion desquelles ClicknSign met toute son énergie. Les ICE ont été créées par le Traité de Lisbonne (2007) et lancées en avril 2012. La Commission Européenne a imposé comme conditions de validation d’une ICE qu’elle réunisse 1 million de signatures, réparties entre au-moins 7 pays de l’U.E. différents. Il faut donc acquérir une certaine « force de frappe », financière notamment, pour la réaliser. Ce qui se traduit, pour l’instant, par des ICE portées par des lobbies disposant de budgets conséquents.

Bottom up

ClicknSign, plateforme web participative, offre donc des outils communautaires intelligents pour appuyer les initiatives de la base (« bottom »). Ces outils de communication performants (dont celui de traduire un texte juridique en plusieurs langues, de même qu’en langage « courant » qui pose clairement les enjeux pour la bonne compréhension de chacun) se déploient via l’expertise de ClicknSign dans la viralité de l’information sur notamment les réseaux sociaux. Tout pour valoriser l’engagement vertical, mais une verticalité inversée par rapport aux dispositifs représentatifs traditionnels : de la base au sommet, des citoyens aux dirigeants, « bottom up ».

Pas de temps d’attendre

Christian Vanizette de MakeSense a lui démontré qu’il était plus simple aujourd’hui de « remonter » aux oreilles des dirigeants des idées qui, avant, mettaient 15 ans à se réaliser (ainsi de la Couverture Médicale Universelle). De nos jours, il faut savoir prouver, et plus vite, l’intérêt d’une initiative, monter que « ça marche », sans attendre. Ces nouvelles formes de « social busines » fleurissent partout, de l’Inde aux État-Unis en passant par la France. Qu’il s’agisse d’une appli web pour réduire le gaspillage alimentaire dans les CROUS à Siel Bleu qui promeut l’activité physique des seniors pour prévenir les accidents en cas de chute, il s’agit pour MakeSense de porter les initiatives à une autre échelle que celle d’une seule communauté. L’échelle de la décision politique.

Projet Politicia

Un groupe d’étudiants a donc fait germer en un seul après-midi, un projet basé sur la gamification de l’offre politique afin de tenter d’amener les jeunes et les moins jeunes non-inscrits à s’inscrire sur les listes électorales, via un jeu vidéo ludique mais informatif, un « serious game » citoyen. L’idée est d’amener cette population à entrer en contact avec les partis politiques, les syndicats, les associations d’intérêt collectif, et leur montrer qui fait quoi, pourquoi et comment. À mesure que l’on poursuit sa découverte, on acquiert des « badges » qui permettraient, si les autorités le permettaient bien sûr, de gagner son inscription sur les listes sans avoir à faire la moindre démarche administrative qui rebute tant cette population.

« Que vous votiez ou pas, la politique s’occupera de vous »

Cette citation assez connue des élèves de Sciences-Po a été répétée à dessein par Arnauld Champremier-Trigano. Qu’on l’accepte ou pas n’y changera rien. Sans jamais faire de prosélytisme (il a été le directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon) mais en parlant communication et Internet, il a rappelé comment son agence de communication a su marier tradition et modernité au bénéfice du candidat du Front de Gauche en 2012. Web-série et « serious game » militant, tout est bon pour faire entendre le message à d’autres cibles, plus jeunes, a priori plus rétives. Comme Christian Vanizette et François Dorléans, il a souligné la même réalité : quand on n’a pas d’argent, il faut avoir des idées. Il « suffit » de trouver les « points de friction », de ceux qui font bouger les lignes.

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