Le Hacking Health Camp 2016
Epitech à Strasbourg n’est pas spécialisée en e-santé mais ce domaine suscite nombre d’actions et d’initiatives au sein de l’école alsacienne du réseau national Epitech. Elle était ainsi au cœur du Hacking Health Camp 2016 qui s’est ouvert jeudi 17 mars dernier. Ce Hacking Health Camp 2016 s’est achevé dimanche 20 au soir, quand le jury a désigné les prix décernés à l’issue du hackathon qui s’est déroulé en son sein, du vendredi 18 à la fin de ce week-end. Des étudiants Epitech s’y sont distingués, faisant partie des équipes ayant remporté le prix Ekito et le prix « meilleure innovation patient 2016 ». On revient sur cette expérience avec eux.
Qui est qui, qui fait quoi
Comme le rappelle Lionel Brosius, directeur pédagogique régional, « Epitech est un partenaire historique de cet événement, nous nous sommes engagés sur plusieurs niveaux dans son bon déroulement pour cette édition. 12 étudiants en provenance des écoles de Paris, Lyon et Strasbourg ont représenté l’école tant sur les séances de formation qu’en participant au hackathon. Une demi-douzaine d’autres étudiants et d’encadrants du campus strasbourgeois se sont en outre engagés 4 jours non-stop sur l’encadrement et la logistique du hackathon ».
DIY
« Le matériel du Hub Innovation du campus strasbourgeois, précise-t-il, a été mis à disposition des participants – imprimante 3D, cartes Arduino, Oculus Rift, tablettes etc. – donnant la possibilité à de nombreux groupes de réaliser des prototypes avancés de leurs solutions, qu’ils ont pu présenter au jury le dimanche ».
Une vieille histoire
Hacking Health, organisation d’origine canadienne à but non lucratif dont « la vision est de révolutionner la santé digitale » est très présente à Strasbourg. Normal, un des principaux référents de Hacking Health France, Sébastien Letélié, y est basé, ce qui ne l’empêche pas de venir faire des conférences et des actions d’évangélisation un peu partout en France notamment au Hub Innovation de l’école, par exemple à Paris.
D’un hackathon à l’autre
C’est d’ailleurs à l’occasion de cette conférence au Hub parisien de l’école l’année dernière que Nicolas Pichon (Epitech promo 2017) l’a rencontré : « à la fin de la conf’ de Sébastien, je suis allé le voir en lui disant qu’un de ses projets m’intéressait, on a parlé un peu « techno », on s’est mis sur le projet quasi instantanément. Ensuite il m’apprend qu’il était en train d’organiser quelque chose à Strasbourg ; j’ai assisté à 2 hackathons dans le cadre d’Epitech à Strasbourg, cela coulait de source que je participe au Hacking Health Camp de cette année ».
Slack4Health
« Sur ce Hacking Health Camp 2016, explique Nicolas, on a donc présenté Slack4Health, notre projet. On était au départ tous les deux plus un médecin psychiatre, Frédéric Grabli. Puis Oleksandr Avazashvili d’Epitech Strasbourg (promo 2018) nous a rejoints de même qu’un interne en biologie médicale et une personne travaillant chez Medtronic puis d’autres étudiants encore, pour finir par constituer un groupe de 12 personnes ».
Les moyens du bord
« Slack4Health veut démontrer que l’on peut communiquer avec des moyens beaucoup plus simples que ceux utilisés aujourd’hui par les médecins et le personnel médical. Dans ce milieu, on perd en effet beaucoup de temps dans les échanges entre acteurs (médecins, infirmiers etc.). Pour pallier à cela, ils utilisent actuellement les messages SMS ou une appli comme WhatsApp ce qui est un peu « tangent » parce que les données du patient peuvent y figurer alors que rien n’est sécurisé sur ces canaux-là ».
Proposition de valeur
« Ce qu’on veut leur proposer avec Slack4Health, c’est de pouvoir échanger sur un même patient, tout en pouvant choisir la personne à contacter dans une liste du personnel médical concerné par tel patient, donc la possibilité de « chatter » avec l’un ou plusieurs d’entre eux… à la Slack, d’où le nom du projet ».
Les temps modernes
« Après, on greffe tout un tas de fonctionnalités pratiques, on permet à toutes les personnes concernées dans le « channel » en question de recevoir des notifications, lorsqu’un médecin fait une prescription par exemple. Le but est de réduire toutes ces périodes d’attente entre 2 messages, de travailler avec les outils de notre époque… Le milieu médical est un peu « lent » dans ce domaine-là, on y travaille encore avec des fax et des sms ».
Lonesome dev’
« Avant ce hackathon, j’étais le seul développeur sur le projet, j’ai donc mis la main sur tout, j’ai fait à peu près tous les tests, on a pas mal pivoté, sur les choix des technologies principalement parce que l’on veut vraiment quelque chose d’innovant. On attaque du coup des technologies qui ne sont pas encore sorties… On pense « mobile first », le but étant vraiment que nos utilisateurs continuent à avoir leurs informations sur smartphone ».
Le prix Ekito
« Avec Slack4Health, conclue Nicolas, on a gagné 3 mois d’incubation chez Ekito (incubateur toulousain de start-up, ndr), ce qui est signifiant pour moi parce que j’ai fait mes 2 premières années à Epitech Toulouse, je les connais un peu. C’est surtout Frédéric Grabli, notre médecin psychiatre finalement très connecté qui s’en occupe, comme de toute la communication sur le projet… Notre focus, c’est d’abord de finir notre prototype pour ensuite penser partenariats… ».
La meilleure innovation pour les patients
Sullivan David (promo 2019) nous raconte lui la raison de la réussite devant jury du projet sur lequel il a travaillé tout ce hackathon, Ré-Mon, qui a remporté le prix « meilleure innovation patient 2016 ». En faisaient partie aussi Quentin Gotti (2018) d’Epitech Lyon, comme Sullivan, ainsi que Léo Martin (promo 2015). Dénommé Ré-mon pour « Mon Réseau Poumon », ce projet est issu d’un constat : pour les patients atteints du cancer du poumon, « le plus cruel puisque laissant peu de chance de rémission, aucune association de patients n’existait aujourd’hui » souligne Sullivan.
Ré-mon, c’est quoi ?
« C’est un réseau social, continue Sullivan, une plateforme qui fonctionne sous le régime loi 1901 et qui permet aux patients d’échanger entre eux, avec leurs proches, les professionnels de santé, ce qui peut aussi les pousser à entreprendre des actions contre leur maladie, de pourquoi pas pousser la recherche également ou tout simplement échanger des conseils. Ils peuvent tout faire avec ».
15 pour 1
« Quand on est arrivé au hackathon, il y avait un médecin qui proposait ce projet, une deuxième équipe nous a rejoints, on a fusionné, ce qui fait qu’on a fait Ré-Mon à 15. On va continuer de développer ce projet parce que le médecin qui a lancé l’idée – un chercheur spécialisé sur le cancer du poumon pour le laboratoire Roche – y tient vraiment, comme tous les membres de l’équipe. Il n’y a aucune association à ce jour qui offre à ses patients d’être mis en relation comme sur Ré-Mon. C’est un projet poignant ».
C’était comment ce hackathon ?
« Franchement, avoue Sullivan toujours, on m’avait présenté Hacking Health Camp comme le plus grand hackathon du monde et c’est bien la première fois que je vois une ambiance comme celle-ci. On était entre 450 et 500 personnes. Être dans ce genre d’événement sert aussi à rencontrer des gens qui comptent et cela peut être utile pour des gens comme nous qui avons lancé notre start-up MEDEO-Health, spécialisée justement e-santé et objets connectés… ».
L’utile et l’agréable
Selon Nicolas, « l’ambiance était studieuse surtout les 2 premiers jours, basés qu’ils étaient sur des conférences, sur l’apprentissage du milieu, leurs outils et problématiques ; par contre sur la deuxième partie et le hackathon, le but était de développer tout en prenant du fun, dans la nuit tout le monde a dû faire n’importe quoi au moins une fois, pour relâcher la pression … On sentait quand même qu’il y avait des groupes qui avaient vraiment envie de faire avancer leurs idées le plus rapidement possible. ».
Beau linge
« On a bien eu conscience qu’il y avait du beau monde, reconnaît Nicolas ; que ce soit pour les conférences comme pour le jury, et les sponsors aussi, Sanofi par exemple. Des gens de ma boîte actuelle qui ont fait des Startup Weekend m’ont dit envier ce genre d’ambiance ». Pour rappel le jury était composé de :
- Olivier Ezratty : journaliste (Opinions libres) et consultant en stratégies de l’innovation,
- Pr. Carole Mathelin : professeur d’université spécialiste gynécologue – obstétrique – cancer du sein,
- Dr. Guillaume Marchand : médecin psychiatre, président et co-fondateur de dmd Santé,
- Dr. Béatrice Falise-Mirat : directeur général de Medicen,
- Pascal Lardier : Health 2.0 leader Europe,
- Jean-Michel Meyer : président de la commission des Droits des usagers au sein de la CRSA.
À l’année prochaine.