L’e-sport c’est du sport
Eric Rajot n’en est qu’à sa première année à l’école (promo 2020) mais il a déjà pris l’habitude de ne pas dormir beaucoup. Eric a en effet mené de front digestion de la Piscine, début des projets du cursus Epitech et entrainement intensif sur un jeu vidéo récent, Tom Clancy’s Rainbow Six: Siege d’Ubisoft. À force de tournois et de se faire repérer pour ses qualités, il est passé joueur pro sur ce jeu, membre de l’équipe Epsilon participant aux fameux Intel Extreme Masters (IEM) de Katowice. Il nous raconte tout.
Passion ancienne
« Le premier jeu auquel j’ai joué, c’est Rayman sur Windows 95, je devais avoir 3 ans … J’ai commencé vraiment en jouant sur les MMORPG (Ragnaröck, World of Warcraft, Vanguard, Eve Online…). Après je me suis tourné sur les FPS, Unreal Tournament, Counter-Strike: Global Offensive (CS: GO) auquel j’ai beaucoup, beaucoup joué puis je suis donc passé sur Rainbow Six: Siege. »
Une journée c’est 24 heures
« Dans une journée, beaucoup jouer veut dire, quand je n’ai pas Epitech, jusqu’à 10 heures de jeu par jour ; quand j’ai école évidemment c’est beaucoup moins (3, 4 heures) ».
Joueur pro, ça veut dire quoi ?
« Joueur pro signifie à la fois un niveau et une profession, cela dépend du jeu. Évidemment hors jeux vidéos, quand on dit joueur pro, on pense à « joueur payé », c’est vrai pour certains jeux comme Counter-Strike, League of Legends et d’autres. Mais sur des jeux comme Rainbow Six, le seul moyen d’en vivre est de gagner les cashprizes (les prix, ndr). En Pologne, c’était 50 000 $ ».
Comment passer pro
« Des sites comme ESL ou Go4 organisent des compétitions avec des ligues amateurs etc. : on s’inscrit pour les qualifications, les premiers accèdent à telle ou telle compétition et au fur et à mesure, on arrive à se retrouver à Katowice en Pologne pour faire les Intel Extreme Masters (IEM). C’est progressif ».
Why Rainbow Six
« Moi je me suis mis sur Rainbow Six tout simplement parce le jeu me plaisait, je n’avais pas forcément l’ambition de faire de l’e-sport dessus mais au final, je suis passé dans pas mal d’équipes et dans chacune de ces équipes, j’ai performé. Et ainsi de suite jusqu’à être pris chez Epsilon ».
Comment rentrer dans une équipe
« Tout dépend de l’équipe en fait, certaines achètent sur le « mercato » des joueurs pour composer ce qu’on appelle des « tops », ces équipes qui vont trusters les podiums (telles Fnatic, SK, EnVyUs etc.). On a aussi des équipes qui sont plus « formatrices », c’est la spécialité d’Epsilon par exemple : ils prennent des joueurs qu’ils estiment extrêmement prometteurs, le but étant de faire de la com’ autour d’eux, les monter au top et ensuite de les revendre à une autre structure. Si je ne dis pas de bêtise, pas mal de ceux qui sont dans EnVyUs étaient chez Epsilon avant… ».
L’ambiance de Katowice
« Il y avait la scène pro CS, le grand stade qu’on voit sur les vidéos. Je ne connais pas le chiffre, mais je sais que 300 000 personnes en tout ont assisté à l’événement qui s’étalait sur une semaine. Pour Rainbow Six, on était sur la scène expo, parce qu’il y a 3 scènes : le grand stade, la scène MOBA qui est aussi une grosse scène et la scène expo où parfois il y a les finales Heroes of the Storm, les finales féminines de Counter-Strike: GO etc. ».
(credit : fronio.tv)
IEM are fat
« Quand on regarde les photos ou vidéos de Katowice et autres grosses LAN, on imagine que c’est énorme… Mais quand on y est, on se rend vraiment compte des moyens qui y sont mis, c’est hallucinant, il y avait à Katowice une file de 1 km de gens pour entrer dans le stade et encore, cette queue était en serpent… ».
La France et l’e-sport
« L’e-sport commence à vraiment prendre en Europe, depuis quelques années cela rentre dans les mœurs. En France on est très en retard mais en Pologne ou en Allemagne, le grand public et pas seulement les « gamers » sont au courant de ce que c’est, de quoi il s’agit. Même les policiers qu’on a croisés sur le chemin à Katowice savaient très bien ce que c’étaient que les IEM. On commence à en parler chez nous, notamment par l’intermédiaire de la Loi sur le Numérique qui vient de reconnaître l’e-sport, on va peut-être finir par avoir une fédération, en tant que joueurs on sera mieux couvert ».
Playdoyer
« L’e-sport, c’est une croissance de 25 % an je crois. Il faudrait que cela se développe plus en France parce que cela rapporte énormément d’argent pour les gens qui investissent dedans, pour les joueurs également et c’est intéressant à regarder ».