Zoom sur le parcours de Christophe Tiet, ancien rôtisseur devenu major de promo MSc à Epitech Toulouse

En 2022, le campus toulousain d’Epitech a eu le plaisir de diplômer une nouvelle promotion MSc Pro. Parmi ces apprenants, Christophe Tiet : anciennement rôtisseur, sorti major. Un an plus tard, le jeune père de famille revient sur son expérience à Epitech, le temps d’une courte entrevue, comme un flashback sur cette étonnante success story.

Christophe, c’est un homme de 36 ans, père de 2 enfants avec une capacité d’adaptation phénoménale, un sens du sacrifice rare et une détermination à toute épreuve. Une personnalité incroyable avec un parcours si atypique qu’il en inspirerait presque certains scénaristes d’Hollywood.

Christophe a grandi dans les marchés. L’aîné d’un couple de commerçants, ses parents démarrent l’activité de rôtisseurs alors qu’il a tout juste 3 ans. N’ayant pas la possibilité de trouver un mode de garde pour le petit Christophe, ses parents l’emmènent sur les marchés où il va grandir et jouer entre les étals.

« Je connaissais tous les commerçants. Le marché c’est une petite famille »

Alors, lorsque son père atteint l’âge de 65 ans, Christophe trouve normal de reprendre la rôtisserie. Pourtant il ne se destinait pas à cela puisqu’après le bac, Christophe suit une école de commerce durant 5 ans. A la fin de ses études il part même vivre un an et demi en Chine et 6 mois au Japon. Mais en rentrant sur Toulouse, il décide de reprendre la rôtisserie pour son père ainsi que pour son frère alors âgé de 16 ans.

« C’était mon devoir d’ainé de reprendre l’affaire de mon père et je voulais que mon frère puisse faire ce qu’il voulait. Mais je ne me plains pas car c’était une affaire extrêmement florissante et je gagnais vraiment bien ma vie. »

Durant 7 années, Christophe fait tourner l’affaire, se lève le matin, prépare ses poulets et charge le camion direction les marchés.

« Mes clients étaient, pour la plupart, des personnes qui m’avaient vu grandir. Le marché ça se passe de génération en génération. »

Au bout de 7 ans à arpenter les marchés toulousains et ravir les papilles de ses clients, Christophe rencontre sa femme avec qui il envisage le plus beau des projets : celui d’une vie de famille. Il réalise alors que la vie de marché ne correspond pas à ce qu’il souhaite pour sa vie personnelle.

« Il devenait compliqué pour moi d’imaginer travailler le week-end, ne pas avoir de vacances et ne pas profiter de mes enfants. J’ai eu besoin d’un métier me permettant d’équilibrer ma vie professionnelle et ma vie familiale. »

Commence alors une période de réflexion sur une reconversion professionnelle. Christophe souhaite s’orienter vers un métier qui le stimulerait intellectuellement et qui lui permettrait d’apprendre au quotidien. Par hasard, Christophe tombe sur le site OpenClassrooms, et se lance en autonomie sur un programme de data science.

« Je n’avais jamais entendu ce mot là auparavant, alors je me suis renseigné un peu et je me souviens avoir lu qu’il s’agissait du métier le plus sexy du 21ème siècle. »

Se formant lui-même via des vidéos en ligne, Christophe se sent rapidement limité en mathématiques. Qu’à cela ne tienne, étant un travailleur acharné ne craignant pas les défis, il s’inscrit en faculté de mathématiques, en parallèle de sa rôtisserie et de la première grossesse de son épouse.

Il enchaine alors une année entière de cours du soir, de niveau bac +4 en mathématiques. Une année qu’il décrira comme la pire qu’il ait eu à vivre durant toutes celles ayant mené à sa reconversion professionnelle.

« C’était du bourrage de crâne ! Je crois qu’en un an, il n’y a pas une seule nuit où je n’ai pas rêvé de math durant mon sommeil. »

Mais parce qu’il est une personne déterminée, se donnant les moyens d’atteindre ses objectifs ; Christophe sort major de promo. Les connaissances théoriques sur l’algorithmie en poche, il continue le cheminement de sa reconversion professionnelle et se tourne vers le développement. En 2019, il cherche une formation à Toulouse, avec une spécialisation en Intelligence Artificielle. Epitech ouvre alors sa première promotion MSc Pro avec cette spécialisation.

« C’était le timing parfait ! »

Le timing parfait ou presque puisque Christophe attaque alors le programme Pré-MSc Pro avec 3 semaines intensives de Piscine, seulement 3 semaines après la naissance de son premier enfant.

« J’avais un peu appris le langage Python pour faire de l’analyse de données grâce à la plateforme Datacamp, mais hormis cela, je suis arrivé à Epitech sans connaissances techniques. »

Une fois l’année préparatoire MSc Pro réussie, Christophe enchaîne une nouvelle fois les projets sur tous les fronts, papa pour la deuxième fois il s’impose également de développer une nouvelle technologie à chaque nouveau projet de sa formation.

« J’ai passé beaucoup d’heures à regarder des vidéos de formation en vitesse x2 pour optimiser mon temps. »

D’abord venu chez Epitech pour faire de l’IA, il découvre, au fur et à mesure des projets, le développement web et trouve une alternance de data analyst.

« Je me rends compte que je ne suis pas fan du full « analyse de données » et que l’aspect produit me manque. Moi, à la base je vends des poulets rôtis ! Or, avec le web, tu développes vraiment un produit. C’est un produit digital mais tu le développes, tu le fais vivre et progresser. »

En décembre 2021, 7 mois avant la fin de sa formation, Christophe perd son père. Il lui faudra se relever et trouver un second souffle pour aller jusqu’au bout de son cursus MSc Pro. Pour cela, il pourra compter sur son épouse qui n’aura de cesse d’être un soutien sans faille durant tout son parcours et quelles que soit les épreuves rencontrées.

« J’ai eu envie de finir major de promo pour mon père et je n’aurais jamais réussi sans le soutien de ma femme. Elle a été mon pilier durant 4 ans ! Malgré le fait que ça soit moi qui sois mis en lumière parce que j’ai fini major de promo, dans l’ombre c’est ma femme qui faisait le plus gros du boulot ! Ce projet je ne l’ai pas fait tout seul. »

Aujourd’hui, Christophe est Fullstack developer chez October, une FinTech (Technologie Financière) parisienne. October est une scale-up qui a l’avantage de n’être ni une start-up, ni une industrie. Et plus important encore : une entreprise où Christophe trouve du sens, apprend et où les journées ne ressemblent jamais.

« On ne fait jamais les mêmes choses, ça me plait »

Les membres opérationnels d’October sont répartis en « squads ». Christophe est actuellement membre de ce qu’il qualifie être « la meilleure des squads Decision Engine».

Une squad dont il est très fier et qui regroupe tous les outils où l’on intègre de l’Intelligence Artificielle. Grâce à cette squad, October est à même de détecter, via des outils d’Intelligence Artificielle, si des relevés bancaires sont frauduleux ou si des comptes de résultats sont mauvais.

Chaque squad est composée de :

  • Un Product Manager (personne en charge de définir les fonctionnalités ayant besoin d’être sorties pour l’application),
  • Un Product Designer (personne en charge de la réalisation des maquettes. Grâce à lui, les développeurs savent à quoi doivent ressembler les fonctionnalités que le Product Manager demande de développer),
  • Un Engineer Manager (personne encadrant les différents développeurs tels que le développeur back, le développeur Front End, et le développeur Full-Stack (Christophe).

Dans sa squad, le travail de Christophe se trouve entre le back et le front, au milieu de tout, et surtout entre les outils d’Intelligence Artificielle et l’application web.

 « Je fais tout moins bien qu’un développeur back end ou qu’un développeur front end, mais j’ai une vision d’ensemble qui me permet d’avoir un peu plus de hauteur. J’aime cela car ça me permet d’être plus proche du produit et de toucher un peu à tout. »

A la fin de son cursus MSc Pro, la question se pose de faire de l’IA ou du web. Et même si Christophe a un bon niveau en IA et qu’il a conscience que ce secteur est moins accessible à tous, il décide d’écouter son instinct et de choisir le web.

« Je savais que le web était plus accessible à tous, mais je ne voulais pas avoir pris 4 ans pour faire ma reconversion professionnelle et partir sur quelque chose qui ne me passionnait pas.  Et je ne regrette pas car même si le web est facile à comprendre, c’est une filière tellement large que pour être bon il faut beaucoup, beaucoup de connaissances. »

En poste sur un métier qui a du sens pour lui, Christophe y trouve même des points communs avec son passé de rôtisseur, tels que comprendre ce que veut le client et le lui donner. Pour lui, il y a cette même envie de répondre aux besoins du client et de sortir le produit qui correspondra le mieux.

« Je capitalise sur mes compétences entrepreneuriales et business. C’est-à-dire que même si je code beaucoup, j’ai également ce besoin de comprendre ce que l’on fait. Je pense que cet aspect est important pour un développeur. Il faut comprendre pourquoi ce que l’on code apporte de la valeur au business. »

Les conseils de notre major MSc Pro

En dehors du travail, Christophe continue d’aller au marché avec ses enfants tous les samedis et ne manque jamais une occasion de passer à la rôtisserie familiale, maintenant reprise par son frère. Et parce que rien n’arrive par hasard, il soutient actuellement son épouse … en pleine reconversion professionnelle.

Si jamais ce parcours vous inspire, que vous travaillez dans un secteur opposé à l’informatique et que, comme Christophe, vous souhaitez vous reconvertir, n’hésitez pas à venir nous rencontrer lors de nos prochaines Journées Portes Ouvertes et à suivre les conseils de notre Major de Promo 2022 :

« Les 3 tips que je donnerais à une personne souhaitant se reconvertir dans l’informatique seraient :  

1/ Assurez-vous d’avoir une appétence pour le codage avant de reprendre des études. Il existe beaucoup de ressources gratuites pour s’initier. Développeur est un métier de passion où il faut constamment être en veille. 

2/ Soyez curieux et essayez divers domaines et diverses technologies pour bien vous orienter. Le secteur informatique est très large. 

– 3/ Apprenez à apprendre ! Et n’ayez pas peur d’être autonome et débrouillard : un développeur passe la plupart du temps sur Google pour savoir comment faire les choses.  

En résumé, il n’existe pas de raccourci pour devenir développeur : 

« hard work is the key to success »

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