Le smart marketing, c’est avec Phantombuster
Guillaume Boiret et Martin Tapia, tous deux jeunes Anciens de notre promo 2012, ont inventé l’outil rêvé des « growth hackers » et, plus largement, de tous les professionnels du marketing passés à l’ère numérique. Récolte automatique de données, stockage de ces data et mise en forme automatique dans le format de fichier désiré… Cet outil rêvé par beaucoup, Martin (CTO) et Guillaume (CEO) l’ont fait. Son nom : Phantombuster.
Bamf’s Best Growth Hacking Software of 2018
Comme le dit si bien le site spécialisé dans ces questions de marketing nouvelle école, Bamf : « en 2018 nous avons testé une centaine d’outils de growth hacking. La plupart ont échoué à remplir leur promesse. D’autres n’ont pas fonctionné du tout. Le seul qui a réussi à nous bluffer fait toute la différence. Il s’agit de Phantombuster ».
Interconnexion partout
Phantombuster est une plateforme Saas (Software-as-a-Service) qui permet à un développeur d’ajouter une API – une interface de programmation applicative – à n’importe quel site web, en sachant qu’aujourd’hui seuls 0, 0005 % des sites seb disposent d’une API… En « APIfiant » un site web, pour reprendre l’expression de Guillaume, on automatise la récolte de données concernant ce dernier.
Un seul exemple pour tout résumer
Guillaume nous résume le concept général : « vous utilisez toute la journée vos plateformes web, Facebook, LinkedIn, Twitter etc. Tous les jours, vous mixez vos données d’un site web à l’autre. Nous, avec Phantombuster, on vous simplifie la vie en vous permettant d’aller beaucoup plus vite dans ces tâches-là. Par exemple vous venez de faire du content marketing sur LinkedIn, votre ROI c’est quoi ? Les gens qui ont liké, les gens qui ont commenté et pas seulement leurs noms mais les informations sur ces personnes. On a donc créé des API qui vont permettre d’extraire par exemple la liste des gens qui ont liké un article et le mettre dans un fichier Excel, ce même fichier qui pourra être utilisé en entrée sur une autre API. ».
APIfication
« On a créé une trentaine d’API qui peuvent se plugger les unes aux autres. Si j’ai dit Excel c’est pour qu’on comprenne l’image : toutes nos API sont des API REST, on peut donc faire un « call » sur chacune d’elles, puis « accrocher » les résultats avec n’importe quel service compatible ».
Ceci n’est pas un bot
« La puissance de Phantombuster, c’est qu’on ne dépend pas du tout des API de Facebook ou LinkedIn par exemple : technologiquement parlant, c’est un navigateur web sur le cloud, on lui demande de faire telle ou telle tâche mais la première d’entre elles, c’est de se connecter en tant que vous-mêmes, avec votre compte, sur Facebook, LinkedIn, Instagram… Toutes les actions sont émulées comme si c’était un être humain qui ferait des actions sur son compte ».
(de gauche à droite, Martin et Guillaume)
Le chemin vers l’idée
« Après nos expériences communes d’assistants pédagogiques à Epitech, Martin et moi sommes partis chacun de notre côté ; lui dans la création d’un moteur de jeux vidéo et moi dans la création d’un jeu vidéo mobile. On a donc chacun participé à notre premier produit et il s’est avéré que pour lui comme pour moi, cette expérience fut plutôt décevante… Nous avons arrêté nos collaborations respectives au même moment et on s’est retrouvés à Creative Valley ensemble ».
L’origine de Phantombuster
« Pour un projet web, Martin avait besoin de récupérer des données or ce n’était pas aussi « fancy » à l’époque que maintenant – il fallait récupérer les cours du bitcoin pour son produit, il y avait un site web qui le faisait sauf que celui-ci n’avait pas d’API… Du coup, pour faire simple (sourires), il a codé un service qui permettait d' »APIfier » n’importe quel site web. Je les ai rejoints très rapidement et on a commencé à monter Phantombuster ensemble ».
Le NUMA
« On a ensuite intégré le programme d’accélération au NUMA et cela a constitué un changement incroyable. On avait bien un réseau de développeurs mais pas vraiment de réseau business mais grâce au NUMA qui nous a ouverts plein de portes, on a pu passer à la deuxième phase dans le lancement d’une start-up : avoir nos premiers clients, faire de l’agence, du Saas. En tout cas un début de SaaS qui ne fonctionnait pas si bien au début, en termes d’acquisition clients… On ne comprenait pas vraiment pourquoi, du coup on a décidé de suivre un autre programme, à San Francisco (SF) : The Refiners ».
SF : coup de boost et pivot
« On y est partis 3 mois, en 2017, et cette expérience a été absolument incroyable… Pour des développeurs de formation, aller à SF c’est quand même assez magique, avec un réseau et un côté « tech » très, très appuyé. Du coup, en revenant de San Francisco on a compris que pour toucher les développeurs, c’était compliqué, on n’avait pas de usecase instantané, on n’avait pas les épaules, on était trop petits pour attendre que les développeurs intègrent notre plateforme dans la leur… On a donc pivoté, en faisant ce qu’on appelle un « API store » qui consiste tout simplement à adresser, cibler les marketeurs et en particulier les growth marketeurs ».
L’ambition vient en mangeant
« On a ouvert l’API store et depuis octobre dernier, on cartonne, on crée du numéraire, cela nous permet d’envisager la suite avec sérénité et de gagner en ambition comme par exemple transformer notre API store en « API marketplace » pour permettre aux développeurs de créer leurs propres API et de les mettre sur le marketplace à destination des professionnels du marketing. On se retrouve avec un modèle à la Apple store ou Play store, où des fonctionnalités peuvent être créées par des tiers à destination de tout un chacun, dans le store ».
La levée et le retour à SF
« Pour pouvoir créer cette marketplace, on a besoin de fonds et c’est pour cela qu’on a levé 600 000 € auprès de OneRagTime. On est basés à Paris mais on a des locaux à San Francisco ; notre but, c’est de rapidement y retourner, en tout cas pour la partie sales / marketing et de garder l’ingénierie en France comme toute bonne start-up tech française… ».
The next step
« La prochaine étape pour nous, c’est d’embaucher 5 personnes. D’abord un senior developer et ce sera Mehdi Ait Bachir (Epitech promo 2012 idem). C’est super qu’il ait accepté parce que le fait est qu’il est quand même très difficile d’intéresser les gens quand on est une start-up en « early stage » sauf qu’on se connaît tellement bien avec Mehdi qu’on se fait confiance, il sait comment nous fonctionnons ».
L’agilité des petites structures
« On a une grosse dizaine de milliers d’utilisateurs, on travaille plus avec des start-up et des PME qu’avec de grands comptes parce que cette technologie est moderne pour le marché et réclame de l’agilité, des entreprises qui travaillent beaucoup avec Facebook et LinkedIn, avec de l’automatisation forte et ce n’est pas du côté des grands groupes qu’on trouve ce genre de choses, a priori. Sans parler du temps de vente qui est immense avec eux, d’où notre focus ».
L’avenir rêvé
« Notre but est de devenir la référence des API, de regrouper toutes les API existantes et « officielles », on va dire, sur Phantombuster et créer celles qui manquent. Et quand on arrivera à un point critique, notre nombre d’API, on pourra créer un nouveau produit, sur lequel j’imagine déjà une simple barre de recherche dans laquelle on pourrait demander la liste toutes les universités des E.-U. et le nombre d’étudiants dans chacune de ces universités : Phantombuster pourrait aller taper dans chacune de ses API pour construire le fichier parfait, qui répond exactement et uniquement à la question posée et transforme la requête en données. Faire de la data-as-a-service ». Qui a dit « web sémantique » ?, Guillaume toujours, sur cette vidéo.