Mamethode.fr, un projet étudiant de soutien scolaire alternatif
Yanice Rabaini, Thibault Rochette et Valentin Ramalho, de la même promo 2018, sont comme tous les étudiants Epitech : en commençant par la Piscine, ils sont découvert la méthode projet, le project-based learning, qui renverse la transmission traditionnelle des savoirs et des compétences pour placer l’étudiant en acteur de leur processus d’apprentissage. Peut-être encore plus que leurs compères, ils ont une appétence particulière pour ces questions au point de sortir bientôt le premier prototype de leur plateforme mamethode.fr qui vise à proposer aux élèves en difficulté d’autres façons d’apprendre. Leur projet, né via le Hub Innovation de l’école ne repose pas sur un modèle lucratif, on en parle avec Yanice et Thibault.
Un constat
Yanice nous fait le pitch : « Mamethode.fr, est un projet issu d’une réflexion commune sur l’éducation et les ressources éducatives en France, et d’une prise de recul sur notre scolarité. Avec l’aide d’enseignants, on a fait le constat que tous les élèves dans leur scolarité étaient un jour ou l’autre confrontés à des problèmes méthodologiques et que très souvent, ils étaient cantonnés à la méthode de leur enseignant. Or en cas de blocage, cela peut devenir très difficile d’intégrer des notions si cette méthode ne convient pas ».
Une solution
«Mamethode.fr répond à cette problématique en mettant en place des contributions volontaires par des enseignants pour rendre disponibles à tous les élèves, gratuitement, d’autres méthodes de travail, pour par exemple faire disparaître un blocage sur un apprentissage. C’est une proposition complémentaire aux cours ».
Les fameuses tables de multiplication
Thibault prend un exemple parlant : « pour les tables de multiplication d’un élève de CP ou CE1, on donne souvent à apprendre par cœur ces tables sans expliquer à l’élève l’intérêt de celles-ci, l’élève les apprend par cœur comme une comptine et au final, il ne voit pas l’importance que cela a pour plus tard. Il y a d’autres méthodes, comme celle, très ludique et impressionnante, de compter avec les doigts, avec des additions et de toutes simples multiplications, on apprend tout ».
Deuxième exemple
« Avec les multiplications sur de grands nombres ; ce n’est pas simple, il y a plein d’unités à retenir… Avec une autre méthode, l’élève dessine un grand carré, qu’il peut découper. Il met ses chiffres dedans et avec des additions simples, il arrive au bon résultat ».
Alternative
« Le but du projet est d’apporter à l’élève une méthodologie et une compréhension supplémentaires, si ce n’est alternatives, prolonge Thibault. Avec une seule façon de faire, quelqu’un peut ne pas comprendre, avec une autre il y arrive, sauf que l’Éducation nationale ne propose en règle générale qu’une seule méthodologie dans l’apprentissage d’une matière – avec un même professeur sur toute une année. Nous on proposera plusieurs façons d’apprendre, en complémentarité d’un cours toujours ».
Tranche de vécu
« On a tous plein d’exemples en tête, reprend Yanice. Moi au lycée j’ai eu une prof de maths avec laquelle cela ne passait pas du tout, je faisais un blocage et peu importe à quel point ses cours étaient bons, impossible pour moi d’intégrer les notions. Et quand on est au collège ou au lycée, on n’a souvent pas le recul pour se dire que cela vient de cette relation interpersonnelle avec le prof et pas la matière en elle-même, que c’est sa méthode de travail qui pose problème. Après j’ai pu lever ce blocage, j’ai eu mon bac parce que j’ai eu la chance d’avoir des cours particuliers en suivant une autre méthode, or tout le monde ne peut pas s’offrir ce genre d’assistance ».
Deuxième tranche
« Pareil pour moi, dixit Thibault. Pendant toutes mes années de lycée, j’avais entre 2 et 6 de moyenne générale mais grâce à un prof particulier, qui m’a conseillé telle et telle façon d’apprendre, en me chronométrant, en m’expliquant des techniques pour aller plus vite, je suis passé de 6 de moyenne en maths à 17 au bac ES… Ce sont des choses que, sans ses techniques à lui, sa façon de transmettre les connaissances, je n’aurais pas pu trouver tout seul ».
Pas de discrimination par l’argent
« Nous ce que l’on veut avec mamethode.fr, c’est de donner en libre accès et de manière simple ces différentes méthodes d’apprentissage », souligne Thibault. « Et surtout, accessibles à tous, précise Yanice. Nous, on a eu la chance d’avoir des parents qui avaient les moyens de nous payer des cours particuliers à 15 ou 25 € de l’heure… Moi j’ai fait du bénévolat avec Zup de Co via Epitech, pour donner des cours en ZEP etc., des cours particuliers aussi. Notre but c’est vraiment de travailler là-dessus et de changer un peu la mécanique de partage des ressources éducatives en France ».
Modèle contributif
« Mamethode.fr sera gratuit mais de la même manière que Wikipedia, on pourra y contribuer financièrement, de manière à aider à entretenir le service, poursuit Yanice. On tient à rester dans la contribution volontaire, dans l’envie de partager son savoir et ses méthodes et de les rendre disponibles, accessibles à tous ».
Donner et recevoir
« C’est de la contribution positive, résume Thibault. Pensons à cet élève qui a compris sa matière, qui a réussi à avoir une bonne note et qui se sent redevable ; il peut donner un ou deux euros ou même plus. En devenant contributeur il aura un cadre en or autour de son profil par exemple, mais c’est tout. On ne veut pas créer de différence entre une personne qui contribue et une autre, le but c’est que le service reste gratuit ».
Effets de la gratuité
« On compte conclure des partenariats dans l’avenir, on compte sur des subventions aussi, notamment des conseils généraux et régionaux puisque les départements et les régions sont des acteurs du secteur éducatif. Mais avant, il faut qu’on finisse le prototype du projet avec une grosse contribution ».
Le proto
« On a fini le premier prototype de création de fiche, des fiches qui seront gérées par un système suffisamment simple pour des enseignants qui ne sont pas forcément toujours à la pointe des technologies et qui n’ont pas forcément le temps non plus. Pour le moment, on a choisi un système de fiche en Markdown, qui avec des sortes de balises textuelles, permet de faire de la mise en page. On a agrémenté ce Markdown à notre façon et des enseignants nous ont faits part d’observations pour améliorer l’expérience ». Hâte de voir ça, comme on dit parfois.