Cocouv’, la couverture connectée pour les sans-abris
Combien d’idées propulsées par un hackathon se réalisent après la fin dudit hackathon ? À vrai dire, pas tant. Ce n’est pas le cas de Cocouv’, une couverture connectée pour les sans-abris que Maxime Gallo et Ethan Kerdelhue ont imaginée avec des étudiants de l’EDHEC lors d’un hackathon ayant eu lieu pendant les rencontres Neuroplanète organisées par la ville de Nice en partenariat avec le magazine Le Point. Ces deux promo 2020 d’Epitech Nice et leurs camarades ont travaillé pendant 48h avec le Secours Populaire Français afin de prototyper Cocouv’, qui a remporté le prix de la ville de Nice. C’était en septembre 2017 et depuis, Maxime et Ethan font tout pour que cette belle idée devienne réalité par l’intermédiaire d’une campagne de crowdfunding.
Éviter de faire une énième application
Pour des étudiants d’Epitech, la participation à des hackathons sont comme des passages obligés. « On en avait déjà fait mais on ne pensait pas que celui-là allait être aussi intéressant » souligne Ethan. « Pendant ce hackathon, on voulait surtout éviter de faire une énième application, l’énième projet qui ne sert à rien. Alors on s’est dit : quitte à le faire, autant le faire à fond et finalement, cela a porté ses fruits ».
Imaginer un objet qui n’a pas de valeur
Comme dans chaque hackathon, celui-ci comportait une problématique générale. Puisqu’en partenariat avec le Secours Populaire de Nice, il fallait ici que « l’utilité de Cocouv soit uniquement en faveur des personnes démunies, explique Ethan toujours, personne ne devant accéder à notre couverture connectée de façon externe ni la transformer en quelque chose ayant une valeur marchande ». Étant déjà bénévole au Secours Populaire, il était persuadé que leur idée intéresserait fortement.
Tech for Good
« Apporter des technologies aux plus démunis, c’est quelque chose qui n’avait encore jamais été fait, précise-t-il. Pour ce projet, l’innovation est technologique certes, mais aussi très sociale. « Moi, cela m’a tout de suite plu », s’enthousiasme-t-il.
Mise en production
« Ce projet a pris de réelles proportions, souligne Ethan : notre produit semble être vraiment important aux yeux des personnes impliquées ». Maxime et Ethan expliquent avoir eu de très bons retours et évidemment celui du Secours Populaire, qui dispose déjà d’un système bien rodé de maraudes. Ils sont actuellement en discussion avec un centre d’accueil niçois, qui est prêt à travailler avec eux sur le projet dès qu’il sera fonctionnel ».
S’intégrer à une organisation
Pour ne pas que le Secours Populaire ait à imaginer un nouveau mode d’organisation, il a fallu réfléchir à l’intégration de la couverture connectée dans le mode d’organisation du Secours Populaire. « On s’est dit que les personnes du Secours Populaire pourraient s’occuper eux-mêmes de distribuer nos couvertures connectées lors de leurs maraudes, raconte Ethan, on a mis au point des tablettes qui regrouperaient les informations de santé captées par les couvertures ».
Des capteurs d’informations vitales
La couverture sera donc équipée de trois capteurs pour le rythme cardiaque, la température du corps et le taux d’oxygénation du sang. Si la personne portant cette couverture connectée ne va pas bien, les données des capteurs seront immédiatement transmises à la centrale pour que les secours puissent être prévenus. La Cocouv’ fonctionnera avec des batteries qu’il faudra recharger tous les jours. « On s’est rendus compte que ce projet était très compliqué en terme de logistique et d’organisation alors qu’on pensait que ça allait être beaucoup plus simple », avoue Ethan. La couverture sera également équipée d’un GPS, mais qui ne s’activera qu’en cas d’urgence auprès des travailleurs sociaux.
Préserver l’anonymat des personnes sans domicile fixe
Bien entendu, les SDF pourront refuser cette couverture. Adopter Cocouv’ est un choix personnel. De plus, les données sont collectées uniquement s’il y a urgence pour la santé de la personne qui la porte. Les données seront cryptées, le serveur sécurisé et la position des individus sera impossible à exploiter pour toute autre raison que médicale.
Do it ourselves
Les étudiants d’Epitech Nice expliquent qu’à travers ce projet, ils ont touché à différents postes. « On s’occupe de tout nous-mêmes : la miniaturisation de la technologie, la confection du produit mais aussi de la communication. On est aussi nos propres comptables et on doit gérer tous les problèmes et les contraintes ». Une polyvalence qu’Ethan attribue à Epitech. « Ce que j’aime dans la formation à Epitech, c’est la diversification des tâches qu’on nous demande de faire, on se retrouve dans des situations où on passe de l’informatique virtuel à l’informatique hardware et à la l’électronique. On fait des choses qui ne sont à la base pas du tout dans notre domaine et finalement on les fait très bien. C’est ce que j’adore à Epitech : on réussit à être vraiment utiles » s’exclame-t-il.
Financement participatif et mécénat
L’équipe de Cocouv’ a décidé de lancer une campagne de crowdfunding car dans les mois à venir, il va falloir produire réellement Cocouv’ pour le Secours Populaire, passer du prototype au produit fini. « C’est un vrai projet participatif, nous ne sommes que des bénévoles donc pour moi, c’est le meilleur projet dans lequel n’importe qui peut s’investir » argumente Ethan. En plus de cela, ils ont créé une SCOP pour pouvoir, à terme, vivre de cette activité. Enfin, le laboratoire d’arts numériques niçois « La Bulle » s’occupe des recherches de mécénat auprès de grandes entreprises. « On aimerait que le projet s’envole et qu’on puisse avoir les moyens de voir beaucoup plus grand », rêve Ethan.
Une aventure humaine
« Ce projet m’a fait prendre conscience de tellement de choses, ce n’est pas le genre de projets auquel on participe sans en tirer de leçons… Je pense que tout le monde devrait vivre l’expérience que l’on a eue, raconte Ethan et personnellement j’aimerais pouvoir vivre de ça. Alors certes, on ne crée pas un produit révolutionnaire, mais on entreprend en innovant technologiquement et socialement. Technologiquement parce que la miniaturisation de la technologie est quand même innovante, et socialement parce qu’on redonne du lien social ; on donne le droit à ces personnes d’accéder aux bienfaits de la technologie, eux qui sont en plein dans la fracture numérique ». Un discours particulièrement mature pour un jeune homme d’à peine 21 ans.