Sébastien Bahor : « il faut pouvoir s’adapter à différents métiers »

Sébastien Bahor est Responsable Clientèle Prescripteur chez Schneider Electric. Dans cette interview, il nous rappelle l’importance du lien entre la technique et les enjeux du secteur. 

Quel est votre rôle chez Schneider Electric ?

Je m’occupe de la prescription d’offres auprès de sociétés qui effectuent des opérations de conseil pour les industriels. En effet, lorsque l’on souhaite par exemple construire une nouvelle usine, ou encore moderniser ou optimiser un site de production  pour qu’il soit plus performant, il n’est pas rare de faire appel à des entreprises de conseil, notamment dans les domaines du digital et de la transformation. De même, ces consultants possèdent des compétences en ingénierie et se doivent d’être au fait de l’industrie en question et des sujets de production.

Je propose donc toutes nos solutions, notamment autour de la transformation digitale et de la transition énergétique : intégrer du digital et réduire nos consommations d’énergies pour optimiser, dépenser moins et mieux et être plus efficace.

Quels sont les usages importants dans votre métier qui ont été modifiés par la transformation digitale ?

Le digital est un levier incontournable permettant aux industriels d’améliorer la performance de leurs usines en augmentant leur rentabilité de production. Les nouvelles technologies facilitent la captation de la donnée et opèrent des réglages et des optimisations de machines qui améliorent le fonctionnement global des sites. Elles peuvent aussi contribuer à réduire les consommations d’énergie, et limitent ainsi les coûts.

Le digital apporte également plus d’agilité sur les lignes de production. Aujourd’hui les clients apprécient tout particulièrement la personnalisation, et il est primordial d’acquérir toujours plus de flexibilité en s’adaptant au cas par cas aux besoins du marché.

La transformation digitale permet enfin de réaliser des opérations de maintenance prédictive, en anticipant d’éventuelles pannes des systèmes de production. Eviter la casse des machines améliore ainsi notablement la disponibilité des installations, et donc leur efficacité.

Pourriez-vous nous donner quelques exemples de ces solutions digitales que vous avez prescrites à vos clients ?

Nous avons récemment fourni une solution à une entreprise dont le système administratif de gestion de commandes n’était pas relié à son outil de production. Il était donc difficile d’établir un lien rapide et efficace entre la réception de la commande, sa mise en production, la fin de la production et la livraison. Nous avons donc connecté des machines, qui n’étaient pas toutes d’une génération récente, au système informatique de l’entreprise.

Un autre exemple serait celui d’un cas de maintenance prédictive dont je vous parlais. Nous identifions des problématiques de production, sur une machine qui se casse assez régulièrement, grâce à des capteurs qui monitorent puis analysent les défaillances, et permettent une intervention avant que la panne ne survienne.

Epitech Digital a pour vocation de former des profils transverses, d’après vous quelles sont les compétences les plus importantes pour faire de la transformation digitale ?

« Le point le plus important réside dans la connexion entre la technique et sa mise en œuvre. Celui ou celle qui met en œuvre ces technologies dans un contexte industriel doit posséder des compétences d’analyse et comprendre les problématiques et les enjeux du secteur. »

Il faut être capable de s’adapter à différents métiers : par exemple, pour apporter du digital sur un site industriel, il est nécessaire d’appréhender aussi bien les enjeux du directeur de l’entreprise, que du responsable de maintenance, que d’un responsable de production ou encore d’un opérateur de machine… Etre à l’écoute, analyser les besoins de chacun, s’adapter à tous les interlocuteurs et surtout être capable in fine de synthétiser tout cela pour proposer la bonne solution. On ne met pas de la technologie pour mettre de la technologie, mais on aide nos clients à réaliser des investissements qui auront une véritable utilité.

Quelles sont les tendances dans les métiers du digital ?

Les profils que l’on voit se développer sont des profils transverses, qui maîtrisent les technologies et sont capables de les déployer et de les intégrer dans un environnement existant. Ceux qui font la différence proposent des solutions qui apportent de la valeur pour chaque personne qui va les utiliser.

Est-ce que vous arrivez à recruter facilement ?

Pas toujours car ce type de profils n’est pas forcément évident à trouver… Soit on a affaire à des écoles de commerce très tournées business, soit à des écoles d’ingénieurs plus techniques et pointues.

« Trouver des profils qui peuvent faire le lien entre la technique et le business comme on l’évoquait plus tôt, c’est plus compliqué. Il faut de l’ouverture d’esprit, et d’excellentes capacités d’analyse et de synthèse, afin d’être capable de travailler en mode « agile », dont on parle beaucoup aujourd’hui. »

Un secteur d’activité que j’identifierais comme particulièrement porteur serait par exemple la cyber sécurité. En effet, plus il y a de digital, plus l’entreprise est vulnérable par rapport à des attaques. Aujourd’hui on rencontre des profils très compétents dans les domaines de l’informatique et de la bureautique, ainsi que dans celui de l’automatisme (c’est le cas en mécanique automatique industrielle par exemple). Mais des gens qui savent appréhender les deux milieux, à savoir à la fois le monde de l’informatique et l’univers des réseaux industriels, il en existe très peu. Ce sont en effet souvent des profils très différents, les informaticiens ont du mal à comprendre les automaticiens, et inversement.  Si nous rencontrons des difficultés à trouver ces profils transverses, cela peut nous amener à recruter des informaticiens et à les former sur la partie industrielle, ou bien l’inverse. Ce sont pourtant des compétences extrêmement recherchées sur le marché du travail.

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