Olivier Gien : « l’agilité est la plus importante des soft skills »

Olivier Gien est VP et Global Head of Digital Portfolio & Operations à Sanofi. Dans cette interview, il nous explique que l’agilité est primordiale dans l’univers du digital. 

En quoi consistent votre rôle et celui de votre équipe chez Sanofi ?

Je suis responsable du portefeuille des opérations et des compétences digitales. Je m’assure que nos projets digitaux sont alignés avec notre stratégie et contribuent à l’atteinte de nos objectifs. Nous définissons les compétences digitales que Sanofi doit développer et mettons en œuvre les actions de formation correspondantes. Enfin nous prenons en charge la communication interne et la visibilité externe des opérations digitales de Sanofi.

Quels sont les nouveaux usages qui ont été modifiés ou créés par la transformation digitale au sein de votre industrie ?

Ils sont assez nombreux car l’industrie pharmaceutique possède des activités de natures très variées. Si l’on commence par la fin de la chaîne, c’est-à-dire par le marketing, le digital peut par exemple avoir un impact fort sur la manière dont on interagit avec les médecins. Aujourd’hui nous continuons à communiquer avec eux de façon physique, mais aussi de plus en plus de façon numérique.

Ensuite, on a un autre exemple assez évident sur les médicaments sans ordonnance : on commence à se diriger vers la vente en ligne et le e-commerce.

Si l’on remonte la chaîne de valeur jusqu’à la partie production, nous opérons une digitalisation de nos usines qui leur permet d’être plus productives, ou encore d’avoir un meilleur footprint environnemental. On peut aussi établir des suivis en temps réel de nos lignes de production pour être plus efficaces.

Et si nous continuons à remonter encore la chaîne de valeur, nous arrivons au développement clinique. Lorsque l’on teste des candidats aux médicaments, on cherche à accélérer les études cliniques, et le digital peut nous y aider.

Enfin, au niveau de la recherche, le numérique est utile pour la découverte de nouvelles cibles, de molécules potentielles etc.

Ainsi vous voyez bien que les nouveaux usages et leurs impacts technologiques sont très variés et interviennent à de nombreux niveaux de notre activité.

Est-ce que vous pourriez décrire des projets digitaux que vous avez menés chez Sanofi ?

Nous avons opéré la digitalisation d’études cliniques, où l’on cherche à automatiser la rédaction de certains documents élaborés à partir de bases de données. Ils étaient rédigés jusqu’à peu manuellement, mais l’écriture de certaines parties de ces documents est extrêmement standardisée, c’est par exemple le cas de la description du sujet clinique. Nous avons donc pu assez automatiser la rédaction de certaines parties de ces documents avec des techniques de natural language generation. 

Nous avons aussi mis en place des études cliniques « à la maison » : dans un bon nombre de cas, le protocole d’une étude clinique oblige les patients à se rendre à l’hôpital, ce qui n’est pas forcément pratique. Nous avons validé la possibilité de faire rester les patients chez eux et de communiquer via des moyens numériques, de manière à leur faciliter la vie et à les garder le plus longtemps possible au sein de l’étude clinique.

Enfin, un dernier exemple, même s’il y en aurait beaucoup d’autres, cette fois au niveau marketing : nous cherchons à informer les médecins de manière digitale multicanale, de façon à ce qu’ils aient l’information dont ils ont besoin au bon moment. Nous usons, dans notre marketing mix, à la fois des moyens numériques et des moyens plus traditionnels, afin d’avoir l’engagement le plus impactant et le plus efficace possible.

Selon vous quels sont les bonnes compétences pour faire de la transformation digitale ? 

« Ce qui caractérise l’univers du digital c’est le « real time », l’agilité, la vitesse et l’exploitation de la donnée. En termes de soft skills, l’agilité semble donc pour moi le plus important : il faut accepter de s’adapter. »

Toutefois, on ne peut faire l’économie d’un certain nombre de compétences dites « dures ». Sans être un expert, il faut comprendre comment fonctionnent les nouvelles technologies. Il existe des profils qui peuvent être relativement spécifiques. Par exemple, les profils de data scientists doivent avoir des compétences en termes de machine learning, et ainsi être capables de comprendre les technologies qui vont permettre de manipuler les données et de les exploiter pour donner de la valeur.

Néanmoins, soulignons qu’une expertise métier est toujours complémentaire et génératrice de valeur : si vous ne connaissez pas l’industrie dans laquelle vous travaillez, ainsi que ses usages, tout vous prendra plus de temps, et comme nous l’avons mentionné avant, la vitesse est cruciale dans le monde du digital.

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